Les révélations sur les fortunes colossales des anciens hauts responsables de l’État de l’époque du président déchu Abdelaziz Bouteflika n’en finissent pas. Des fortunes amassées en usant de leurs influences et à travers des pratiques de corruption.
Cette fois-ci, c’est l’ancien ministre des Relations avec le parlement de 2015 à 2018 Tahar Khaoua qui est passé à la loupe. Les enquêtes menées par les services de la gendarmerie nationale ont dévoilé une énorme fortune amassée essentiellement à travers l’abus de fonction du parlement en jouant la médiation avec des investisseurs en contrepartie de milliards de dinars.
À noter que le dossier de l’affaire de l’ancien ministre des Relations avec le parlement se trouve actuellement au niveau de la deuxième chambre du pôle pénal et financier près le tribunal de Sidi M’hamed. Ce dernier avait ordonné l’emplacement de l’ex-ministre en détention provisoire.
Plusieurs autres anciens responsables sont également poursuivis dans le cadre de cette affaire. Il s’agit de son fils Zakaria, l’ancien wali de Batna Mohamed Slimani, l’ancien inspecteur général de la même wilaya, l’ex-directeur des domaines de l’État ainsi que l’ancien Directeur de l’agence du Crédit populaire algérien CPA de la wilaya de Batna.
Des dizaines de comptes bancaires et CCP
Selon les premiers éléments dévoilés, l’enquête a été diligentée suite à une plainte déposée par deux entrepreneurs de la wilaya de Batna, qui avaient été en contact avec Tahar Khaoua et son fils Zakaria, pour des faits d’escroquerie.
L’enquête a ensuite levé le voile sur son implication dans des délits de blanchiment d’argent issu de corruption. Khaoua a, en effet, indument bénéficié d’intérêts s’élevant à 45 milliards de centimes sous forme de biens immobiliers. Il s’agit d’une école privée, trois villas inscrites sous les noms de ses fils, dans la commune de Keddis.
Concernant ses biens, le ministre détient 15 comptes bancaires avec des montants s’élevant à 17 milliards de centimes et deux comptes CCP. Selon des éléments de l’enquête, il a bénéficié de plusieurs crédits pour l’acquisition d’une habitation a 7200,000 DA et d’un véhicule touristique d’une valeur de 2,650,00 DA.
Khaoua a également obtenu un crédit de financement immobilier sous forme d’une location sur 10 ans de 2.562.760,78 DA et un autre crédit pour l’achat d’une luxueuse villa au niveau de la rue Chaouki Amin n°52 route de Hydra à El Biar à Alger, au niveau de la Gulf Bank d’Algérie pour une valeur de 65.000.000,00 DA.
Les enquêteurs ont également découvert l’existence de 4 comptes bancaires fictifs qui ont connu des mouvements de sommes colossales lorsqu’il occupait des hautes fonctions au sein de l’État, dont son mandat au parlement puis son mandat ministériel. Ces mouvements sont estimés à 90 milliards de centimes.
D’énormes mouvements de fonds
Par ailleurs, l’enquête a abouti à la découverte d’un compte bancaire n°97/4101637911 ouvert à l’Agence 307 du CPA à Batna du 14/04/2003 au 31/12/2017 pour une durée d’environ 14 ans, et que ce compte a connu un mouvement de fonds s’élevant à 50 millions de centimes. Cependant, du 22 janvier 2018 au 20 octobre 2019, le compte bancaire a connu un énorme mouvement de fonds, qui s’est élevé à plus de 21,5 milliards de centimes 215,383,876 .44 DA.
Il a également été démontré que des retraits en espèces ont été effectués sur ce compte pour un montant total estimé à 134 010,000.00 DA par plusieurs personnes, dont le montant de 50.000.000.00 DA destiné à l’achat d’un terrain d’une superficie de 506.65 mètres carrés situé à Batna.
L’enquête a également levé le voile sur l’existence de comptes CCP inscrits aux noms de personnes mineurs parmi des membres de la famille de l’ancien ministre. L’un au nom de Mram avec un débit de 1.010.924.20 DA et un autre sur le nom de Khaoua Abdelkader avec un montant de 3.008.199.99 DA.
Pour rappel, le juge d’instruction au Pôle pénal spécialisé dans la lutte contre le crime financier et économique près le tribunal de Sidi M’hamed a ordonné le placement en détention provisoire de l’ancien ministre des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua, le 19 juin dernier.