M’sila – Reconnue depuis plus trois décennies comme un problème de santé public en Algérie de par sa morbi-mortalité et sa charge financière, l’envenimation scorpionique est un fléau fréquent dans plusieurs wilayas du pays et notamment dans la wilaya de M’sila, où plus de 40 décès et des milliers de cas de piqûres de scorpions ont été dénombrés par la direction de la santé au cours de ces dix dernières années.
Fortement corrélé à la prolifération des scorpions, la hausse des cas des envenimations scorpionique durant la période des grandes chaleurs « est due à l’absence de campagnes de ramassage de scorpions, non-respect de la propreté de l’environnement notamment le pollution causée par les ordures ménagères, non-recours à des méthodes de lutte biologique avec l’élevage des prédateurs naturels de cet animal (volaille, hérisson… etc), selon plusieurs intervenants.
Ce problème de santé publique s’accentue également avec l’absence d’établissements de santé en zones enclavées, où en cas d’envenimation, les populations rurales recourent à certaines formes de médications populaires totalement inefficaces contre l’envenimation, à l’instar de l’utilisation de l’huile de cade, le henné et autre pierre noire.
La représentation cartographique des cas de piqûres de scorpions dans la wilaya de M’sila, révèle que ce phénomène s’accentue en zones rurales et montagneuses mais plus particulièrement au sud de Boussâada, une région au climat désertique.
Autre constat, le Haut-commissariat au développement de la steppe (HCDS), jouait dans un passé récent un rôle important dans la lutte contre l’envenimation scorpionique en apportant l’appui nécessaire aux habitants des zones reculées pour développer l’élevage de volaille comme moyen naturel pour limiter la prolifération de ce redoutable arachnide, a quasiment cessé toutes formes d’activités.
Suspension des programmes de collecte de scorpion
La direction de l’action sociale en compagnie des services de la wilaya ont lancé, il y a de cela quelques années une vaste campagne de collecte de scorpions, baptisée »plan de lutte contre l’envenimation scorpionique », prévoyant plus de 500 opérations de collecte dans 40 communes de la wilaya.
Ainsi les spécimens capturés devaient être remis à l’institut pasteur d’Alger en vue de la fabrication du sérum anti-venin de scorpion, mais face aux manques de moyens financiers nécessaires et le manque d’implication de certaines parties, « ce projet a du être mis au placard », comme l’expliquent les services de la wilaya.
A ce propos, la direction locale de la Santé a appelé à s’abstenir, en cas de piqûre, de recourir aux thérapies traditionnelles qui peuvent entraîner de grave complications et de transporter la victime le plus tôt possible vers l’établissement de santé le plus proche.
Parallèlement, les services de la wilaya s’emploient chaque année à fournir le sérum anti-venin scorpionique à tous les structures de santé des régions enclavées en plus de des efforts constants pour former le personnel paramédical dans ce domaine, assure-t-on.
Dans cette perspective, la direction de la santé et de la population a ouvert début juillet de cette année, 27 permanences dans les communes les plus exposées au risque scorpionique, mobilisant à cet effet des quantités importantes de vaccin et plusieurs équipes de médecins et de paramédicaux.
Par ailleurs, une campagne d’aspersion d’insecticides sera prochainement lancée dans dix communes connues pour abriter de large colonie de scorpions.