Pour extérioriser leur colère, les citoyens ont eu recours, ces dernières semaines, à différentes méthodes de protestation.
La situation sociale qui prévaut actuellement en Algérie paraît comme «électrique». La tension engendrée d’un côté, par le Hirak qui poursuit sur sa lancée, et de l’autre, les bouleversements politiques induits par le même mouvement, ont donné lieu à plusieurs actions de protestation disparates sur le terrain. Des coups de semonce sont donnés ici et là, depuis des semaines maintenant.
Pour extérioriser leur colère, les citoyens ont eu recours, à différentes méthodes de protestation. Cela s’est principalement traduit par des actions telles que la fermeture de routes principales, de débrayages ou encore de manifestations et autres rassemblements. C’est certain, la gronde populaire se fait de plus en plus grandissante en cette fin de saison.
Semblable à des appels au secours, le courroux populaire s’exprime par tous les moyens qu’il trouve. On citera le phénomène des routes barrées par des citoyens dans plusieurs régions, qu’on observe de manière très récurrente ces temps-ci. C’est pour eux, une méthode efficace pour attirer l’attention des autorités sur leurs problèmes, des plus légers au plus sérieux ; (coupure d’électricité ou d’eau, ainsi que d’autres problèmes locaux). Et ce, quitte à pénaliser d’autres citoyens qui, pourtant, vivent la même crise qu’eux. Mais «hélas, nous n’avons pas le choix», diront-ils.
A Tizi Ouzou, plusieurs routes ont été fermées par les citoyens dimanche dernier. Une première fermeture a été enregistrée sur la RN12 au niveau de l’hôpital psychiatrique Fernane Hanafi, (Oued Aïssi). Les mêmes contestataires ont également procédé au blocage de la voie ferrée menant au centre-ville de Tizi Ouzou. Une deuxième fermeture a été constatée à la RN 25, au niveau de la commune d’Ait Yahia Moussa dans la daïra de Draâ El Mizan.
Plus tôt, le 13 août dernier, soit le deuxième jour de l’Aïd El Adha, des habitants de la région de Bouira ont bloqué dans les deux sens, l’autoroute Est-Ouest du côté de Lakhdaria. Ces derniers, après deux jours sans eau, réclamaient de rétablir le réseau d’eau potable. Il s’en est suivi un véritable calvaire pour les automobilistes qui étaient nombreux ce jour-là, à emprunter cette route. Une semaine après, les radiés de l’armée ont tenté de tenir un rassemblement, suite à quoi, la Gendarmerie nationale a bloqué toutes les routes débouchant sur la capitale. Les embouteillages ont duré toute une journée… Avant-hier, les habitants du village Sarek, dans la commune de Ben S’rour, à 117 km du chef-lieu de la wilaya de M’sila, ont bloqué la Route nationale N° 46, menant vers Biskra. Ils demandaient le raccommodage de la route et le raccordement des foyers en électricité. Durant la même journée à Alger, d’autres ont bloqué l’accès menant de Chéraga à Ouled Fayet.
A côté, plusieurs rassemblements ont été initiés par des travailleurs au niveau de leurs entreprises, pour réclamer le dégel de leurs salaires. Il s’agit notamment des employés dont les patrons font l’objet de poursuites judiciaires. Beaucoup d’autres ont exprimé leurs craintes par rapport à un avenir qu’ils jugent être de plus en plus « incertain ». Autant de préoccupations qui hantent surtout les chefs de famille qui ne sont plus sûrs d’assurer un lendemain confortable pour leurs descendances.
Cependant, la pression sociale ne ronge pas seulement les chefs de familles. Des jeunes ne dépassant pas l’âge de 25 ans, ont à maintes reprises, évoqué leur profond malaise. Ce mois-ci, nombre de tentatives de suicide ont été enregistrées. Comme c’est le cas d’un jeune homme de 23 ans qui a essayé de se jeter du haut d’un poteau sur l’autoroute à Alger.
Massiva Zehraoui