Le gouverneur de l’État de la cote Ouest a signé une loi permettant aux jeunes d’effacer des réseaux sociaux leurs propres textes et photos embarrassantes.
À partir du 15 janvier prochain, un nouveau bouton apparaîtra sur les réseaux sociaux fréquentés en Californie : il permettra aux mineurs de supprimer des contenus qu’ils avaient eux-mêmes mis en ligne auparavant, mais sans mesurer leur portée négative, par exemple après une soirée arrosée…
UNE « LOI GOMME » POUR FAIRE LE TRI
Surnommé « la loi-gomme », ce texte, promulgué en début de semaine par le gouverneur de Californie Jerry Brown, permettra aux jeunes de moins de 18 ans de « retirer, ou d’exiger le retrait, d’un contenu ou d’une information téléchargés sur un site Internet ou une application ». Les adolescents pourront ainsi faire disparaître de leurs pages personnelles sur les réseaux sociaux les photos ou commentaires postés sur un coup de tête.
Si certains pionniers – comme Twitter et Facebook – proposent déjà cette fonctionnalité, elle sera désormais généralisée. « C’est une protection révolutionnaire pour nos enfants, qui agissent souvent de façon impétueuse en téléchargeant des photos ou des messages déplacés avant de penser aux conséquences », a déclaré le parlementaire démocrate Darrell Steinberg, auteur de la loi.
DES ERREURS DE JEUNESSE COÛTEUSES
Les défenseurs de la loi espèrent ainsi protéger les jeunes Californiens du harcèlement de leurs camarades, qui survient parfois après s’être mis en scène dans ses situations peu flatteuses. Mais il s’agit aussi de les aider à ne pas avoir à supporter le poids d’erreurs de jeunesse pouvant peser lourd dans leur parcours scolaire ou à l’abord du monde du travail. « Les erreurs de jeunesse suivent leurs auteurs toute leur vie et leurs empreintes numériques les suivent où qu’ils aillent », déclare James Steyer, fondateur de l’ONG Common Sense Media, favorable à la loi, dans les colonnes du San Francisco Chronicle.
Les profils des réseaux sociaux sont de plus en plus observés et contrôlés. Une étude publiée en 2012 indiquait que près du quart des responsables des admissions dans l’enseignement supérieur passaient au crible les profils des candidats sur les réseaux sociaux. Parmi eux, 35 % affirmaient avoir trouvé des contenus diminuant fortement les chances des postulants (photos vulgaires ou prises lors de la consommation d’alcool ou de drogue).
UNE MISE EN ŒUVRE COMPLIQUÉE
La « loi gomme » ne règle pas tout, notamment parce qu’il ne protège pas les jeunes des commentaires ou photos les concernant téléchargés par des tiers. Il ne permet pas non plus aux adultes de gommer leurs erreurs de jeunesse.
Les opposants à la loi assurent également qu’elle complique encore la tâche des sites Internet, qui doivent déjà composer avec les multiples législations locales, dans chaque État américain. D’autres affirment enfin que le texte pourrait avoir des effets pervers, en obligeant les sites Internet à récolter encore plus d’informations personnelles auprès des jeunes internautes, afin de savoir notamment s’ils habitent en Californie.