Les adversaires de Saâdani vont créer un FLN bis

Les adversaires de Saâdani vont créer un FLN bis

Comme prévu dans un scénario qui rappelle bien des précédents dans la jeune histoire du pluralisme politique national, les cadres et anciens dirigeants du FLN préparent intensément la création d’un parti politique (voir le JI du 5 mai 2015). La réflexion est déjà entamée depuis que le SG du FLN a « fabriqué » un dixième congrès sur mesure.

Les adversaires d’Amar Saâdani savaient, depuis des mois, que leurs contestations allaient aboutir à l’exclusion et la marginalisation.

Quelques jours avant la tenue des travaux du congrès, une dizaine d’anciens hauts responsables du vieux parti avaient suggéré, dans une réunion informelle, cette possibilité comme éventualité politique pour maintenir la pression et entretenir une opposition frontale contre les partisans de Saâdani.

Il semble que l’idée a été bien reçue et inscrite dans les tablettes de cette mouvance. Selon nos sources, les mécontents du FLN ont pesé le pour et le contre dans cette nouvelle aventure. D’abord, ils ont l’avantage de posséder, pour un nouveau parti politique, des députés et des sénateurs en nombre suffisant pour créer un groupe parlementaire, ensuite des élus aux APC et APW (dont des P/APC et des adjoints) dont le nombre dépasserait le seuil psychologique de 1000 élus.

En fait, sur le plan organique, tout est prêt pour que ce nouveau parti soit présent dans les institutions populaires et pratiquement sur la scène politique et médiatique. De plus, l’expérience et la stature des futurs cofondateurs de ce néo-FLN devraient brasser encore les milliers de contestataires tapis dans les structures de base et les appareils régionaux du vieux parti.

D’ailleurs, l’ancien ministre et ancien président de l’APN, Abdelaziz Ziari, a confirmé ce scénario dans un entretien à un journal électronique diffusé hier après-midi. Il dira que « nous sommes en train d’envisager, avec beaucoup de cadres, à la possibilité de créer un FLN canal historique. Peut-être qu’on ne nous donnera pas l’autorisation de l’appeler ainsi, mais on a lancé l’idée de la création d’un parti qui reprendra le combat du FLN ».

Il confirme ainsi le lancement du projet de création d’un parti qui reprendrait les idéaux du FLN historique. Dans son analyse à la fin du congrès, Ziari a estimé que le parti est devenu un « comité de soutien », affirmant que les contestataires envisagent de poursuivre leur combat en dépit du soutien de Bouteflika au secrétaire général du FLN.

Selon nos sources, la direction provisoire qui avait organisé la rébellion depuis quelques mois contre Saâdani va se réunir prochainement sur les hauteurs d’Alger pour débattre du plan dit du FLN bis. Ils sont d’ailleurs plusieurs anciens ministres, (une vingtaine, nous dit-on), deux ex-secrétaires généraux du parti, d’anciens députés et sénateurs et d’actuels parlementaires (près de deux cents), ainsi que d’anciens membres du comité central du parti, qui sont prêts à se jeter dans la nouvelle bataille.

Or, si les opposants de Saâdani ne veulent pas baisser les bras, même s’ils pensent avoir perdu la bataille organique sur le plan interne, ils restent également divisés sur la façon de concevoir l’avenir du FLN.

Ainsi, si Abada, le leader du mouvement de redressement et de l’authenticité pense qu’il faudra « désormais mettre le parti FLN au musée » puisqu’il est « dévoyé de sa ligne originale », d’autres pensent qu’il faudra maintenir le parti avec ses idéaux et ses concepts révolutionnaires et nationalistes.

Ces derniers pensent que beaucoup de vrais cadres et militants ne se reconnaissent pas dans l’actuel FLN, ni dans son discours politique de tous les jours, ni dans sa matrice idéologique, ni même dans la composante humaine qui gouverne ses appareils et ses structures.