Ayant fonctionné jusqu’à présent avec des avis favorables provisoires, elles risquent l’annulation de leur agrément.
Le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville semble prendre le taureau par les cornes et décide de mettre de l’ordre dans la demeure. C’est ainsi, qu’à travers un communiqué, publié récemment sur son site Web, le département d’Abdelmadjid Tebboune a invité les agences immobilières à “formaliser leurs dossiers administratifs permettant l’établissement des certificats d’agrément”.
Le communiqué en question qui donne la liste nominative des concernés qui s’élève à 822, est clair quant à la nécessité de s’exécuter sous peine de se voir privé du droit de poursuivre leur activité. C’est, d’ailleurs, à ce titre qu’un délai de 60 jours est mentionné par le document “faute de quoi la demande de certificat d’agrément sera systématiquement annulée”. En d’autres termes, les agences qui fonctionnaient jusque-là avec des avis favorables provisoires ne pourront plus jouir de cette “largesse” qui dure depuis trois ans et devraient se soumettre à la réglementation en vigueur.
Le décret exécutif n°09-18 du 20 janvier 2009 relatif à l’exercice de la profession des agences immobilières, complété et modifié en juillet 2011, exige un agrément pour exercer ce métier. Avant cette date, les agents immobiliers justifiaient leur activité par un registre du commerce. En outre, le décret exécutif de 2009 exigeait un niveau universitaire (licence) et trois ans d’expérience dans le domaine, des mesures qualifiées de “pénalisantes” par les professionnels. Désormais, après la modification de ce décret en 2011, les agents immobiliers doivent posséder, soit une licence (droit, finance, économie, commerce…), soit avoir 5 ans d’expérience ou recruter des licenciés.
Il est question aussi de s’acquitter du cautionnement et de contracter une police d’assurance. “L’initiative du ministère tombe à point nommé”, souligne un spécialiste du domaine qui estime que “l’anarchie dans le domaine de l’immobilier a assez duré”. Notre interlocuteur ira loin dans son commentaire affirmant que “les spéculateurs se font de plus en plus nombreux jusqu’à engendrer une mafia et faussent toutes les études”. Force est de reconnaître que malgré la complexité du dossier et ce, dans tous les pays, le cas Algérie fait tache notamment avec la crise aiguë du logement. Tous les efforts fournis par le gouvernement arrivent difficilement à juguler la demande qui se fait plus persistante chaque année.
Le marché locatif est, par ailleurs, totalement livré à la spéculation avec des prix qui dépassent tout entendement notamment dans les grandes villes.
Le president de la Fédération des agences immobilières (voir Liberté du 14 mars 2016) reconnaît lui-même que “80% des transactions immobilières passent par l’informel”. Et de poursuivre : “C’est un phénomène difficile à évaluer en chiffres et qui échappe à tout contrôle.” Et de souligner avec force qu’“il n’existe aucune volonté réelle de l’État d’aller vers la traçabilité de la transaction immobilière”. D’autres experts évoqueront le problème de la non-convertibilité du dinar, de la corruption à grande échelle et surtout de la devise qui se vend au vu et au su des pouvoirs publics en toute impunité au square Port-Saïd.