«Le niveau de violence contre les femmes en Algérie n’est pas aussi élevé que celui prévalant en Europe », a estimé, hier, la ministre chargée de la Famille et de la Condition féminine, Houria Nouara Djaâfar.
Faut-il croire Mme la ministre ? Aucune statistique n’est disponible pour confirmer ou infirmer cette déclaration.
C’est la ministre elle-même qui reconnaît l’absence d’une base de données sur la violence contre les femmes en Algérie.
Comment peut-on alors avancer une telle information lorsqu’on ignore le nombre de femmes ayant subi les diverses formes de violence ?
Plus grave, depuis 2004, la violence à l’encontre des femmes est considérée comme « problème de santé publique ».
Encore une fois, c’est la ministre qui le soulignera. La violence contre les femmes est-elle un problème de santé publique en Europe ? La réponse est tout simplement non.
Par quel phénomène sommesnous alors au même niveau que le Vieux Continent ?
Cela étant, la ministre a indiqué que le plan de communication qu’elle veut établir vise la meilleure visibilité du phénomène de la violence par l’opinion publique, et les différents acteurs chargés du progrès de la femme.
De par le monde, on signale que plus de 20% des femmes ont été victimes d’abus commis par l’homme avec lequel elles vivent.
Chez nous, on n’en est pas encore au stade de fournir un inventaire des formes de violence existantes, ni leur acuité et encore moins les statistiques se rapportant aux femmes violentées dans leur chair.
Invitée à donner un quelconque chiffre sur le nombre de femmes touchées par la violence en Algérie, la ministre se contentera de dire : «De l’enquête réalisée en 2006 sur un échantillon de 2 000 femmes et émise en 2007, il ressortait une moyenne d’une femme sur 10 ayant subi des violences ».
« On prépare un système d’information, on veut réunir toutes les information disponibles en la matière pour en faire une base de données », explique la ministre en marge des travaux de l’atelier tenu au siège de l’Inpfp (Institut national pédagogique de la formation paramédicale).
Plusieurs départements ministériels ainsi que les services de sécurité participent aux travaux de cet atelier.
L’initiative de l’élaboration d’un plan de communication pour la lutte contre la violence à l’égard de la femme entre dans le cadre de « la proposition de l’ONU », a souligné la ministre, présente hier à la séance d’ouverture des travaux de l’atelier de réflexion qui s’étaleront sur deux jours.
A ce propos, il faut rappeler que la Commission des Nations unies sur la condition de la femme a proposé que des actions et initiatives plus en avant soient entreprises par les Etats membres et la communauté internationale pour que cesse la violence à l’égard des femmes.
La finalité est la stabilité de la famille à travers cette stratégie nationale de l’émancipation de la femme.
Si, depuis les deux ordonnances présidentielles de 2005 relatives à la promotion des droits de la femme et le Code de la famille, les choses se sont « un peu améliorées pour une catégorie de femmes victimes de la violence conjugale, encore faut-il que la loi soit appliquée », insiste encore l’intervenante.
La violence domestique, notamment le fait de battre les femmes, constitue la forme la plus courante de la violence perpétrée à l’encontre des femmes.
La violence à l’égard des femmes revêt différentes formes.
Par ailleurs, la pauvreté se conjugue au féminin car 70 % des 4,5 milliards de personnes qui vivent avec 2 dollars par jour sont des femmes et des enfants.
MOHAMED BOUFATAH