“Plutôt le vide constitutionnel que le néant qu’ils nous réservent”, a déclaré un manifestant, insistant sur la poursuite de la mobilisation pour empêcher la tenue de l’élection.
Grande journée de mobilisation en France avec un immense rassemblement avant-hier, place de la République à Paris. Comme tous les dimanches depuis le 17 février dernier, des centaines de compatriotes ont répondu à l’appel de plusieurs organisations de la diaspora, qui militent pour le changement politique en Algérie.
L’habitude a été prise depuis quelques semaines d’aménager des espaces de débat pour permettre aux manifestants de prendre la parole et d’exprimer leurs opinions ainsi que leurs espoirs. “Je suis ici pour dire ma fierté de voir la place de la République se remplir, chaque dimanche, d’Algériens qui viennent débattre pour construire l’avenir de leur pays”, a souligné Kader Affak, ancien de l’association RAJ, dans une agora organisée par le collectif Libérons l’Algérie. Devant une assistance nombreuse, il a précisé que la participation des Algériens de l’étranger au mouvement populaire est capitale. “Vous faites partie de l’Algérie qui est en train de se battre de l’autre côté.
Ne sous-estimez pas votre rôle dans l’émigration car il est fondamental tant en termes de soutien que de mise en perspective de certaines thématiques comme le droit de la femme et la place de la religion dans la société”, a encore fait savoir Kader Affak en rappelant que le mouvement pour l’indépendance a germé en France, dans les usines où les travailleurs algériens, a-t-il dit, se sont frottés aux luttes démocratiques. Aïssa Rahmoun, représentant de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laadh), a également loué, dans un discours très applaudi, l’implication de l’émigration dans la lutte pour le changement en Algérie. Il a ensuite évoqué la situation en Algérie, mettant l’accent sur les différentes méthodes utilisées par le pouvoir pour casser le mouvement populaire.“Ils jouent sur la division en réduisant en minorité toutes les forces vives de la nation. Ils sont la minorité. La bande (el-îssaba) est la minorité”, a martelé l’orateur.
Plusieurs thèmes ont été intégrés dans le débat au cours des différentes agoras organisées place de la République. Le point le plus important concerne la problématique de l’élection de juillet prochain, souhaitée par les autorités. “Ce scrutin est un piège. Nous ne sommes pas fous pour tomber dedans”, a lâché un manifestant à la tribune. Dans une analyse du système politique en Algérie, il a expliqué que le régime pense pouvoir se préserver, en se dissimulant derrière la légalité institutionnelle. “Plutôt le vide constitutionnel que le néant qu’ils nous réservent”, a renchéri un autre tribun, insistant sur la poursuite de la mobilisation pour empêcher la tenue de l’élection. Pour forcer le pouvoir au dialogue, certains ont estimé qu’il est nécessaire aujourd’hui de pourvoir le mouvement populaire de mécanisme de représentativité. M. Boukhalfa, de l’organisation Riposte internationale, pense néanmoins que le peuple doit continuer à jouer le rôle de référent. Il considère, par ailleurs, que des revendications comme le retour de l’armée dans les casernes et la dissolution de la police politique sont des priorités. Il est à noter qu’un vibrant hommage a été rendu, sur la place de la République, aux trois victimes de la révolution de février, à savoir Salim Benkhedda, Ramzi Yettou et Nabil Asfirane, décédés respectivement le 1er mars, le 20 avril et le 24 mai.
S. L.-K.