Les Algériens interdits de fêter la victoire nationale en France

Les Algériens interdits de fêter la victoire nationale en France

Comme en Algérie, nos compatriotes vivant en dehors des frontières, en en faisant la démonstration d’ostensible manière, n’ont pas manqué de témoigner leur joie dès la fin de la rencontre opposant la sélection nationale à celle du Rwanda (3-1).

Des images parviendront sans doute de pays très éloignés, mais de celui qui est le plus rapproché, en l’occurrence la France, les nouvelles parviennent évidemment en temps réel.

«Nous avons tout d’abord décidé de vivre l’événement ensemble. Cela a été convenu en cours de journée entre nous et des personnes que nous ne connaissions que de vue mais que l’importance si particulière du moment nous a incités à approcher pour les convaincre d’être présents au café à l’heure du match. Mieux, nous avons sillonné pratiquement tout Barbès pour solliciter de nos compatriotes d’en faire de même là où ils trouveraient des Algériens», dira S. T., un étudiant qui vient tout juste d’arriver à Paris.

«Exactement, le 6 septembre», précisera-t-il pour ajouter : «Nous avions l’habitude de faire cela en Algérie. Alors pourquoi ne pas le faire en un lieu géographique où, sans être totalement isolés, nous avons si peu d’opportunités de nous rencontrer et, surtout, de nous connaître. Cet événement exceptionnel nous a permis au moins de nous identifier entre étudiants, toutes filières confondues, et, surtout, de nous rapprocher des salariés, des sans-papiers, etc».

Il est rejoint dans ses propos par Mohamed K. M. qu’il a connu sur place. Ce dernier est salarié et à la tête d’un projet d’une boîte de prestation de services.

«C’est vrai, j’avais commencé à regarder la rencontre chez moi, seul, et puis, pour avoir vécu à la Courneuve, je me suis souvenu qu’un événement de ce genre est matière d’abord à… fête chez les nôtres et, ensuite, on se prend une bonne dose de chaleur du pays», dira-t-il.

Enchaînant, notre interlocuteur ajoutera qu’il a tout de suite «compris que ce n’était pas le Pérou du côté de Barbès, dans la mesure où déjà le métro n’allait pas jusqu’au bout du parcours. J’ai continué mon chemin à pied et à mesure que j’avançais, je remarquais graduellement la présence policière. Un peu comme dans les films, quoi. T’as d’abord ceux qui sont banalement vêtus, mais ils sont facilement repérables parce qu’ils font tout pour ça et, ensuite, au fur et à mesure que tu avances, est planté le décor. Il y a les flics calmes à côté de leurs véhicules et il y a ceux plus nerveux parce qu’ils ont en tête certainement qu’il faudra aller à la baston même s’il n’y a pas vraiment raison de le faire».

Effectivement, dès que le coup de sifflet final a été donné, des jeunes sortent des cafés, allument des feux de Bengale et sautillent en scandant «one, two, three… Viva l’Algérie».

Ayant des échos de l’ambiance quelque p e u particulière, «d’autres groupes de personnes et, parfois, accompagnés de Français autant jeunes qu’âgés sont venus rejoindre les groupes de jeunes. Et c’est là que les policiers ont dû craindre un dérapage. Ce qui était d’ailleurs possible mais il aurait fallu sans doute qu’il y ait quelque part une provocation. Or, qui provoquerait qui ? C’est la crainte de ne plus maîtriser la situation qui a fait que les policiers décident de disperser la foule. Ils ont fait tout de suite dans la dissuasion en usant de balles de caoutchouc [flash-ball]», conclura notre interlocuteur.

En fait, ces supporters, souvent ponctuels, n’avaient pas l’intention de passer la nuit dehors.

«Et pour cause, ici on est vraiment à la bourre aussi bien les étudiants qui doivent galérer pour rejoindre les universités que les salariés qui tiennent, voire se cramponnent, à leur boulot pour ne pas risquer de le perdre compte tenu de la récession. Nous nous serions amusés juste une ou deux heures et puis nous serions rentrés. Nos frères en Algérie ont l’avantage d’avoir une heure de sommeil de plus que nous».