Les abonnés doivent se méfier davantage des appels téléphoniques dont les indicatifs se confondent avec les pays de la zone du Moyen-Orient et d’Afrique.
Depuis quelques mois, les abonnés aux réseaux de la téléphonie fixe et mobile reçoivent des appels indésirables émanant de plusieurs pays étrangers, notamment de la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord, mais aussi de certains pays européens, comme l’Allemagne et la Suède. Les auteurs de ces appels utilisent également les applications de l’Android, comme Viber et WhatsApp, et ce, en envoyant des SMS et autres autocollants pour convaincre les abonnés qu’il s’agit d’une connaissance.
De quoi s’agit-il exactement ? Qui sont les auteurs de ces appels indésirables et qui tentent d’obtenir des conversations avec leurs “proies” ? S’agit-il d’appels et de SMS à des fins d’escroquerie ou d’appels à des fins de propagande de l’État islamique (EI) ? Au premier niveau de réponse, tout porte à croire qu’il s’agit d’appels à des fins de propagande des groupes armés de Daech qui n’arrivent plus à ratisser large sur les blogs, les sites Internet et les réseaux sociaux (facebook et Twitter), placés sous haute surveillance par les services de sécurité à travers le monde (Interpol).
Attention, Daech vous appelle !
Selon des témoignages recueillis auprès de certains abonnés, les auteurs de ces appels utilisent une terminologie propre aux groupes armés. Ces derniers demandent généralement des vis-à-vis dont les noms commencent par Abou souvent employés pour se donner “un nom de guerre”. On citera, entre autres, un appel reçu via un fax et dont l’auteur, une femme, demandait le numéro de téléphone d’un énigmatique Abou Mouslim B. Des abonnés sollicités par nos soins témoignent avoir reçu des appels auxquels ils n’ont pas répondu. Point commun de ces communications : elles émanent de l’étranger à partir de 14h et 15h.
Il faut savoir que la plupart des abonnés utilisent des appareils téléphoniques et des tablettes sous Android et prisent des applications comme Viber et WhatsApp. Ces applications, selon les codifications et les plateformes Internet, recensent les numéros de téléphone et accèdent aux adresses IP (Internet Protocol).
Des spécialistes du domaine, sollicités par nos soins, expliquent que les malfaiteurs sont “capables de dupliquer non seulement les adresses IP mais aussi les numéros de téléphone des abonnés pour les utiliser à des fins criminelles. Dans une enquête publiée par Der Spiegel, un hebdomadaire allemand spécialisé dans les investigations, il a été rapporté que l’État islamique se connectait par satellite en utilisant des paraboles achetées en Turquie et équipées de systèmes légers et peu onéreux. Ces services de connexion par satellite sont fournis par des opérateurs qui ont une idée des lieux où se fait la connexion, et de qui se connecte. Du moins, en théorie. Car, dans les faits, c’est plus compliqué.” Du coup, le danger est situé à plusieurs niveaux : les recruteurs et les propagandistes du jihad peuvent même accéder à la vie privée de la victime, allant jusqu’à utiliser son numéro personnel pour menacer la sécurité de personnes ou d’États. En ce sens, il a été établi que les terroristes protègent bien leur anonymat en recourant, en plus de Viber et de WhatsApp, au système dit Telegram (un système ultra-chiffré pour plus de confidentialité), tout en usant des téléphones mobiles dits “jetables”, mais aussi le VPN pour maquiller leurs adresses IP.
L’appât de l’argent !
Au second niveau de réponse, des milliers d’appels et de SMS submergent les réseaux de la téléphonie mobile en Algérie. Ces derniers sont émis à partir de plusieurs pays, notamment de l’Afrique, à des fins d’escroquerie ou d’arnaque. Le procédé est le même : l’abonné reçoit un bip et rappelle. Sur-le-champ, il verra son crédit réduit de manière exponentielle. Au fait, selon les méthodes utilisées, les pirates recourent à des numéros surfacturés pour “piquer” le maximum d’argent. Toutefois, et même si cela ne représente pas un véritable danger, la méthode des escrocs se limite aux jeux et aux invitations envoyées généralement par SMS, des emails, des spams, ou encore via les applications de Viber et de WhatsApp pour leur business lucratif.
Durant ces deux dernières années, des escrocs issus de pays africains (Cameroun, Côte d’Ivoire et Nigeria) ont escroqué des dizaines d’Algériens via des emails ou des appels téléphoniques en leur faisant croire qu’il s’agit d’investissements en Algérie, et ce, en procédant à des transferts de sommes d’argent colossales en euros et en dollars. C’est le cas d’un menuisier de Barika (Batna) à qui on a subtilisé 300 millions après avoir rencontré ses vis-à-vis à Alger. Ces procédés continuent de faire des victimes qui, au bout du compte, se rendent à l’évidence en découvrant que la monnaie perçue est constituée de faux billets !
Que faut-il faire ?
Devant ces menaces pesantes sur la vie des individus, la sécurité et l’économie nationale, l’opérateur historique avait, durant l’été dernier, lancé une vaste campagne pour sensibiliser ses abonnés qui recevaient sans cesse des SMS frauduleux. À cet effet, Mobilis avait envoyé des milliers de SMS à ses abonnés pour les sensibiliser, d’une part, et leur rappeler, d’autre part, qu’il n’est nullement responsable de ces messages qu’il faudra ignorer, voire effacer.
Ces messages faisaient notamment état de loteries fictives, de gains et de cadeaux qui les incitent à composer ces numéros surtaxés.
Mieux, Mobilis avait prodigué des conseils à ses abonnés, notamment “ne pas composer le numéro de téléphone surtaxé”, “ne pas divulguer ses renseignements personnels et bancaires”, “filtrer les appels”, “alerter l’opérateur en contactant ses centres d’appel”.
Sur un autre plan, il est conseillé de vérifier sur son Android les ajouts abusifs des noms à des groupes anonymes et de les supprimer avant que d’autres groupes ne s’emparent des numéros et autres messages personnels.
Évidemment, si les numéros s’affichent, il est recommandé d’en faire part à son opérateur en contactant ses centres d’appel et de ne pas rappeler le numéro concerné. En termes de lutte contre ce crime, il est conseillé, si des appels émanant du même numéro reviennent souvent, d’alerter les services de sécurité et de procéder à un dépôt de plainte. Selon la législation en vigueur en Algérie, les numéros récurrents sont pris en charge par les services de sécurité qui coordonnent leurs investigations avec les services d’Interpol. Avec des outils aussi performants, le Centre de prévention et de lutte contre la criminalité informatique et la cybercriminalité (CPLCIC) de la Gendarmerie nationale, sis à Bir-Mourad-Raïs, et les services de la Police scientifique de la DGSN ont réussi à démanteler plusieurs cellules dormantes du Daech en Algérie et des filières africaines spécialisées dans l’escroquerie.