Les Algériens sont-ils devenus « persona non grata » à Alicante ?

Les Algériens sont-ils devenus « persona non grata » à Alicante ?

Des dizaines d’Algériens se rendant régulièrement dans certaines villes espagnoles, dont Alicante dans la province de Valence, au Sud-est de la côte ibérique, se plaignent depuis quelques semaines de pratiques xénophobes dont ils auraient été victimes de la part de citoyens de ce pays.

Des atteintes à leur dignité ont été relevées par nombre d’entre eux lesquels ont aussi été victimes de vol de leurs bagages et d’agression verbale et même physique dans des lieux publics, notamment à l’aéroport de cette ville de près de 330 000 habitants.

Selon un communiqué diffusé hier par le PRA, les services consulaires algériens délégués dans cette région sont bel et bien au fait des agissements de certains citoyens de la monarchie ibérique.

Des appels à la vigilance et des mises en garde sont d’ailleurs régulièrement diffusés par les représentations diplomatiques algériennes à l’endroit des ressortissants algériens se rendant dans cette région du Sud européen.

Des agissements que d’aucuns incombent aux écrits publiés par des journaux espagnols. En effet, de nombreux tabloïdes, dont El Pais s’intéressent depuis quelque temps aux Algériens, nombreux à se rendre, faut-il le préciser, depuis au moins six ans dans cette région où le marché de l’immobilier est de plus en plus prisé par les ressortissants de plusieurs pays européens et nord-africains, dont les Algériens.

La crise de l’immobilier qu’ont connue les pays du Sud européen à la fin des années 2000, après le boom immobilier du début du siècle ayant abouti à la construction de centaines de milliers de maisons et d’appartements n’ayant pas trouvé acquéreurs sur place, a poussé nombre de ressortissants du nord de l’Europe, des Russes, des Chinois, mais aussi des Algériens particulièrement aisés, à jeter leur dévolu sur la région.

Le gouvernement espagnol a même laissé entendre, dans une récente stratégie visant à attirer le maximum d’acheteurs étrangers, que tout acquéreur de logement en Espagne dont le prix dépasserait les 100 000 euros pourrait « décrocher » une carte provisoire de séjour, sous condition que l’acquéreur atteste d’une présence d’au moins six mois et un jour en Espagne.

Ce qui a, semble-t-il, fait augmenter le nombre de « migrant immobiliers » algériens dans ce pays et, notamment dans la région du sud-est dont Alicante est la capitale.

Des centaines d’Oranais et d’Algérois se sont, depuis, installés dans la région. Citant des « sources notariales » et des agences immobilières, le journal espagnol El Pais a d’ailleurs estimé, dans un récent reportage, que les acheteurs de logements dans la région d´Alicante sont à 60% des étrangers, dont un tiers environ sont des ressortissants algériens.

Ils sont presque 22 000 ressortissants algériens à résider dans la province espagnole de Valence, soit le tiers des Algériens établis en Espagne, estimés à 64 000. La population algérienne dans cette ville a augmenté de 17% par rapport au reste de l’Espagne en l’espace d’une décennie. Dans cette province, plus de 7 000 vivent dans le chef-lieu, 3 000 dans la localité de Castellon et près de 12 000 à Alicante.

Dans la seule ville d’Alicante, le nombre de ressortissants algériens a augmenté de 118 % en 10 ans, selon l’Observatoire de l’immigration de l’université d’Alicante. Nul n’ignore que le profil de ces nouveaux migrants algériens reste celui de personnes riches et relativement aisées. Des chiffres récemment publiés laissent entrevoir que les Algériens sont devenus la deuxième plus importante communauté installée à Alicante après les Roumains.

Et c’est la seule population étrangère dont le nombre a connu une croissance durant la période de crise qu’a traversée l’Espagne à partir de 2008, au moment où d’autres, considérées alors dominantes à l’image de la communauté marocaine, ne cessent de diminuer, à en croire ces chiffres.