Le MC Alger prépare sa mue. A cadence rythmée par les derniers évènements qui ont secoué l’institution du Mouloudia, mal géré et logiquement mal récompensé sur le terrain. C’est le prototype des géants aux pieds d’argile.
Doyen des clubs algériens, malgré la polémique et les polémistes, le club de La Casbah transféré à Bab El-Oued connaît des moments difficiles à quelque 30 mois de son centenaire. Par la faute, et on ne le dit jamais assez, de ses enfants et tous ceux qui ont à accaparer son pouvoir. Celui exercé sur une population dont l’amour n’a pas de limite pour le vert et le rouge mais également sur les décideurs qui veulent s’impliquer, souvent maladroitement, dans la gestion d’un tel patrimoine. C’est une institution qui a survécu au temps et à l’homme. Mais ces derniers temps, la persistance des problèmes a condamné le Doyen à subir les tourments, les uns après les autres. Depuis le titre national de 2010 fêté dans l’anonymat le plus total, les Mouloudéens ont multiplié les déboires. Et leur déception, malgré quelque temps forts en Coupe d’Algérie (sacre en 2014 face à la JSK puis le NAHD en 2016), n’avait pas d’égale que les gifles à répétition reçues sous les ordres de dirigeants en manque d’imagination, probablement de compétences, pour mener la baraque à bon port. Omar Ghrib, Abdelkrim Raïssi ou bien Kamel Kaci Saïd incarnaient toute l’impuissance d’un parrain, la Sonatrach, supposé être la mamelle nourricière de tout un pays. Depuis 2010, le club a souvent flirté avec les cimes du challenge national face à des concurrents qui n’ont pas les mêmes moyens mais qui ont d’autres armes pour embellir leur vitrine. L’ESS et l’USMA en particulier ont empêché le MCA de s’imposer en championnat en de nombreuses occasions. En 2017, l’équipe a même terminé 2e alors qu’elle semblait toute désignée pour coiffer son monde à l’arrivée. Le peuple du Mouloudia a plié mais n’a pas craqué. La même fierté se dégageait de ses chants en chœur, ses encouragements et sa colère. L’équipe ne gagnait pas mais laissait transparaître quelques bons signes d’amélioration. Malade, le Doyen ne pouvait disparaître à jamais à l’aune de son centenaire par la faute de ses dirigeants aux projets alambiqués et ses footballeurs «cocaïnés». Les scandales sont tels, et les promesses jamais tenues, qu’il fallait provoquer l’onde de choc. Et celle-ci l’a été grâce à l’inanité des coéquipiers de Dieng qui, en six mois cette saison, ont raté tous leurs objectifs (Ligue des champions, championnat d’Algérie, Coupe arabe et Coupe d’Algérie). Le tout malgré un plan de recrutement onéreux et un budget de fonctionnement hors normes. Kaci Saïd Kamel, le DGS, était tout désigné pour encaisser l’échec. Un échec programmé sachant que malgré les recrues et les changements au niveau de la barre technique, la mécanique grinçait, localement et à l’international. C’est pourquoi le changement devenait inévitable. KSK qui perdait ses «appuis» au fil des contrecoups subis par le team mouloudéen fera de la résistance jusqu’au moment où il comprit que rien ne servait de chercher une porte d’honneur qui n’existe pas. Démissionnaire depuis quelques jours malgré la confiance que lui a renouvelée le patron de la firme pétrolière nationale, Kaci Saïd est proche de la porte de sortie. Et les décideurs de la Sonatrach s’emploient à lui trouver un successeur coûte que coûte. Dans l’urgence, le P-dg de la Sonatrach pensait confier les clés de la section de football à l’ex-patron président de la FAF, Mohamed Raouraoua qu’il a rencontré quelque part dans un pays du Golfe. Mais l’actuel vice-président de l’UAFA, soucieux de préserver sa réputation, a proposé un de ses anciens lieutenants à la FAF, Walid Sadi dont le profil est bien meilleur que tous ceux qui se sont succédé à la direction du club algérois. Une piste difficile à emprunter tant les réticences sont nombreuses. Les supporters veulent impliquer les enfants du club afin de préserver l’authenticité de l’institution du Mouloudia. C’est pourquoi la Sonatrach a décidé de convier toutes les sensibilités mouloudéennes à venir disserter sur l’avenir du club. C’est dans cet ordre d’idées que d’anciens footballeurs (Zenir, Betrouni, Bachi, Badji etc.) ont été aperçus dans les bureaux de la DG de la firme pétrolière. Si aucune indication n’est venue éclairer l’opinion mouloudéenne sur les tenants de ses rencontres, il est des certitudes que les propriétaires du MCA mettront en place, d’abord, une direction collégiale pour la gestion de la transition avant de se lancer dans une structuration souvent confiée à du personnel en voie de garage pour qui le Mouloudia d’Alger ne veut pas dire grand-chose.
M. B.