Les avocats de l’ancien P-DG de la CNAN crient au scandale et menacent de se retirer En “détention préventive” depuis 4 ans et demi !

Les avocats de l’ancien P-DG de la CNAN crient au scandale et menacent de se retirer En “détention préventive” depuis 4 ans et demi !

Me Brahimi refuse de jeter la pierre aux juges. Bien au contraire, il tient à leur rendre hommage pour avoir refusé de juger cette affaire dont les chefs d’inculpation “fabriqués” ne tiennent pas la route.  

Mis sous mandat de dépôt un certain 12 mars 2012, soit l’année qui avait suivi celle de la dépénalisation de l’acte de gestion, décidée en 2011 par le président Bouteflika, l’ancien P-DG de la compagnie nationale de navigation (Cnan) attend toujours d’être jugé. Sa détention préventive aura ainsi durée 4 ans et demi. “Du jamais vu !” s’offusquent ses avocats accusant “une invention prétorienne” de la justice algérienne. Outre les chefs d’inculpation, corruption, dilapidation et/ou détournement de deniers publics ou encore participation à une association de malfaiteurs, retenus contre leur client, qu’ils dénoncent avoir été “fabriqués de toutes pièces”, les maîtres Miloud Brahimi, Khaled Bourayou et Djamel Belloula s’indignent, en effet, particulièrement de sa détention préventive pour une aussi longue durée. Ce qui amène Me Brahimi à la qualifier, ironiquement, de… “condamnation préventive !”.

Une “forfaiture”, sinon un règlement de comptes qui ne dit pas son nom, que n’arrivent  pas à s’expliquer les trois avocats pour qui les adjectifs ne suffisent plus pour qualifier cette affaire, pour le moins “absurde”. Lors de leur conférence de presse conjointe animée hier au cabinet de Me Bourayou, à Alger, soit à la veille d’un troisième procès de l’affaire prévu aujourd’hui, les avocats de M. Boumbar rappellent, désabusés, que lors des deux précédents procès renvoyés (en 2015), les juges du pôle judiciaire spécialisé du tribunal de Sidi M’hamed, incapables de trancher sur cette affaire au vu du manque d’arguments valables, n’avaient pas trouvé mieux que de demander, à deux reprises, un “complément d’informations”.

Pendant ce temps, le collectif de défense de l’ancien responsable de la Cnan s’est vu refuser l’ensemble de ses demandes, au nombre de 27, de mise en liberté de son client. Pour Me Brahimi, le fait que les juges demandent des compléments d’informations donnent les preuves que les faits initiaux retenus contre l’accusé “ne tiennent pas”. Cette situation pourrait conduire Me Miloud Brahimi à carrément se retirer du collectif de défense de M. Boumbar. Une annonce, prévient-il, dont il compte faire part dès aujourd’hui, devant les juges, à l’occasion du procès. “Aujourd’hui, nous sommes devant une situation telle que, personnellement, je ne me sens plus capable de défendre mon client”, se désole-t-il. Pour autant, Me Brahimi refuse de jeter la pierre aux juges. Bien au contraire, il tient à leur rendre hommage pour avoir refusé de juger cette affaire dont les chefs d’inculpation “fabriqués” ne tiennent pas. Ce qui les avait amenés à se contenter de demander des compléments d’informations.

Néanmoins, relève à juste titre Me Bourayou, ce serait pour la “première fois” que des juges ont ordonné, par deux fois, un complément d’informations. Pour sa part, Me Belloula juge que cette mise en détention préventive de M. Boumbar, qui s’éternise, traduit le piétinement des libertés individuelles dans notre pays. Dans le fond, les avocats de l’ancien P-DG de la Cnan contestent, par ailleurs, le fait que cette affaire purement économique soit confiée à la justice. “C’est une affaire de gestion et non pas une affaire de justice”, estime en effet,

Me Brahimi, non sans contester, une fois de plus, les chefs d’inculpation retenus contre son client. Même son de cloche chez son confrère Me Bourayou qui rappelle que l’affaire de M. Boumbar reste un délit et n’a donc rien de criminel pour qu’elle soit traitée de cette manière aussi opaque que déplorable. Il convient de rappeler que l’affaire de la Cnan dans laquelle est impliqué M. Boumbar, rentré de l’étranger (Belgique) pour remplacer son prédécesseur Ali Koudil, également impliqué avec plusieurs cadres de la compagnie, est liée au naufrage, en 2004, des deux navires, le “Batna” et le “Béchar.”

À ce rythme, il est surtout difficile de pronostiquer sur l’issue de son procès qui se tient aujourd’hui.