L’Algérie compte à l’échelle nationale environ 20 000 boulangeries. Un nombre jugé insuffisant eu égard à la place importante accordée au pain comme aliment indispensable sur la table des ménages algériens. De ce fait, l‘Association nationale des commerçants et des Artisans prévoit de mettre de l’ordre dans cette activité qui connaît une anarchie, à travers l’installation d’une commission nationale des boulangers avant la fin de l’année en cours.
C’est le président de cette association professionnelle, Boulenouar Hadj-Tahar, qui a affirmé ce mercredi cette information lors d’une réunion préparatoire de ladite commission. Son futur président, Omar Amer, estime que cette démarche visera à organiser cette profession à même de mieux servir le citoyen et de préserver les droits des boulangers qui continuent de souffrir, selon ses dires, dans le silence. M. Amer indique qu’il faudrait dans un premier temps cerner tous les problèmes rencontrés par les boulangers pour essayer d’en trouver des solutions. Pour ce faire, la commission nationale des boulangers envisage de se déployer en sections dans toutes les wilayas, voire toutes les daïras. Une telle présence, explique notre interlocuteur, permettra de relancer cette activité en régression remarquable depuis des années. Il a indiqué dans ce sens que le manque « drastique » de main-d’œuvre est devenu la hantise des boulangers, faisant savoir que l’un des objectifs de la nouvelle organisation est de renforcer la formation des jeunes dans la boulangerie. Précisant dans ce sens qu’après les notions théoriques, les apprentis poursuivront leur formation au sein des boulangeries jusqu’à ce qu’ils apprennent le métier en bonne et due forme.
Après leur structuration en commission, les adhérents comptent revendiquer la révision de leur statut indiqué dans leur registre du commerce et la réadaptation de leurs factures d’électricité, de gaz et d’eau, précisant qu’ils sont des artisans et non des industriels.
D’après les boulangers ayant pris part à cette première réunion, les conditions dans lesquelles ils exercent sont très pénibles et constituent une menace sur leur santé.
Les adhérents envisageront aussi de se pencher sur le volet sanitaire afférent à leur métier.
Les plupart des boulangers meurent d’une tuberculose ou de problèmes respiratoires, ajoute M. Amer, donc il est temps de revoir cette profession censée être classée parmi les métiers pénibles, réclamant à ce titre la revue à la baisse de l’âge légal de départ à la retraite.
Par ailleurs, les professionnels de la boulangerie revendiqueront l’augmentation du prix de la baguette de pain, dont le coût de revient actuel dépasse les 12 dinars, selon leurs estimations.
Ils se plaignent du fait qu’ils sont livrés à eux-mêmes et que le prix du sac de farine continue à faire l’objet de spéculation pratiquée par les propriétaires de minoteries, sans compter les frais de transport et d’entreposage de cette matière première.
Selon M. Amer, la prolifération du marché parallèle est due à la facture des charges excessives qui pèsent lourdement sur les boulangers opérant de façon formelle, ce qui favorise l’exercice dans l’informel.
Tout compte fait, le boulanger, jadis l’ami de la famille algérienne, devient la bête noire de la plupart des ménages.
Une relation qui s’est embrouillée à cause du désordre qui s’érige en loi dans ce secteur où les pouvoirs publics sont aux abonnés absents