ALGER – Les Brésiliens élisaient dimanche leur nouveau président au deuxième tour des élections opposant la présidente sortante Dilma Rousseff, favorite des sondages à son rival social-démocrate Aecio Neves.
Après la campagne la plus serrée et virulente de leur histoire récente, 142,8 millions d’électeurs sont appelés aux urnes dans ce pays-continent qui compte 202 millions d’habitants en pleine mutation sociale, grand exportateur de matières premières.
Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 08H00 locales (11H00 GMT) pour le deuxième tour du scrutin pour départager la sortante de gauche Dilma Rousseff arrivée en tête du premier tour, et son adversaire soutenu par la droite, Aecio Neves.
Les premiers résultats seront connus peu après la fermeture des derniers bureaux de vote à 20h00 (22h00 GMT). Le vote est obligatoire au Brésil et une heure avant l’ouverture des bureaux de longues files d’attente s’étaient déjà formées, notamment à Rio.
Lors du premier tour du scrutin qui s’est tenu le cinq octobre dernier, Mme Rousseff est arrivée à la première place en récoltant 41,59% des voix des électeurs. Aecio Neves avait compte à lui récolté 33,55%.
Les Brésiliens sont partagés entre partisans de la continuité des conquêtes sociales de la gauche au pouvoir depuis 12 ans, et ceux d’une alternance pour relancer l’économie en panne du géant émergent d’Amérique latine.
Ils vont élire aussi les gouverneurs de 14 des 27 Etats fédérés restés en ballottage au premier tour le 5 octobre et notamment ceux de Sao Paulo, Rio de Janeiro et du District fédéral (Brasilia).
Plus de 400.000 policiers et militaires ont été mobilisés pour assurer la sécurité des élections, dont 35.000 à Rio de Janeiro où des affrontements ont eu lieu cette semaine entre policiers et trafiquants de drogue.
La sécurité a été renforcée par l’armée dans 329 villes du pays et notamment dans le Para, en Amazonie.
Mme Rousseff favorite
Selon un sondage publié samedi par l’Institut Datafolha, Mme Rousseff l’emporterait avec 52% des voix contre 48% pour M. Neves, un écart compris dans la marge d’erreur de +/-2%.
L’Institut Ibope a pour sa part crédité la présidente sortante d’une avance plus confortable de six points, avec 53% d’intentions de vote contre 47% pour l’opposant, avec la même marge d’erreur.
Le vote se fait au moyen d’urnes électroniques (plus de 530.000) installées jusque dans les zones reculées d’Amazonie. Quelque 22 millions d’électeurs seront identifiés par le système biométrique.
Cette élection est largement considérée comme un plébiscite sur 12 ans de gouvernements du Parti des travailleurs (PT), sous lesquels le Brésil a connu de profonds bouleversements économiques et sociaux.
Elue en 2010, succédant à Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), Dilma Rousseff avait hérité d’une croissance à 7,5%. La première femme présidente du plus grand pays d’Amérique latine a amplifié les programmes sociaux qui bénéficient à un quart des 202 millions de Brésiliens, lui valant un large soutien dans les couches populaires et régions pauvres du Nord-Est.
Sous le PT, 40 millions de Brésiliens se sont extirpés de la pauvreté et ont rejoint les rangs d’une classe moyenne désormais majoritaire. Le fléau de la faim a été éradiqué.
Mais Dilma Rousseff, 66 ans, a affronté des vents adverses: économie en plein ralentissement, revendications d’une classe moyenne dont l’ascendeur social est tombé en panne, scandales de corruption qui ont terni l’image du PT.
Sauvé par un taux de chômage historiquement bas (5%), son bilan économique est maigre: quatre ans de croissance ralentie jusqu’à l’entrée en récession de la septième économie mondiale, une inflation donnant des signes de surchauffe (6,75%), des finances publiques en dégradation, un interventionnisme très critiqué.
Quand au candidat du Parti social démocrate brésilien (PSDB), Aecio Neves, 54 ans, soutenu par les milieux d’affaires, la droite traditionnelle et une partie de la classe moyenne, il promet de « remettre de l’ordre dans la maison Brésil ».
Le Brésil est un géant émergent d’Amérique latine et septième économie mondiale. Après une hausse du PIB de 7,5% en 2010, l’économie brésilienne ralentit (2,7% en 2011, 1% en 2012, 2,5% en 2013).
Le Brésil est le premier producteur et exportateur mondial de café, sucre, jus d’orange et éthanol à base de canne à sucre. Il est également l’un des leaders mondiaux du soja, coton, maïs, tabac et fer. Autosuffisant en pétrole depuis 2006, il prévoit de doubler sa production pétrolière d’ici à 2020, à plus de 4 millions de barils/jour, grâce à d’énormes réserves présalifères en eaux profondes.