Les candidats accusent les médias publics de surexposer Bouteflika

Les candidats accusent les médias publics de surexposer Bouteflika

Depuis quelques jours, la Commission nationale de surveillance de l’élection présidentielle ne sait plus où donner de la tête. D’un côté, ce sont les équipes de campagne de Bouteflika qui saisissent la commission pour dénoncer des perturbations lors de leurs meetings par des partisans d’autres candidats. Et de l’autre, ce sont les cinq autres candidats à la présidentielle qui protestent et accusent les médias publics de favoriser le président candidat.

Fateh Boutebig, président de la Commission nationale de surveillance de l’élection présidentielle et représentant du candidat Abdelaziz Belaïd au sein de cette dernière, explique que selon lui, «Il est anormal que les médias publics consacrent une tranche horaire de plus de 20 minutes au JT alors que les autres candidats n’ont droit qu’à quelques minutes».

M. Boutebig ajoute : «Nous ne contestons pas le fait que le président de la République exerce ses prérogatives. Il est de son droit de s’adresser aux Algériens. Ce que nous contestons est l’utilisation de ces messages présidentiels en période de campagne électorale».

Enfin, ce que Fateh Boutebig ne comprend pas, c’est qu’il n’y ait eu aucune réponse aux lettres de protestation envoyées aux responsables des médias publics. Selon lui, le seule réaction enregistrée pour le moment est celle de la Commission de supervision qui compterait se réunir pour étudier les requêtes formulées.

C’est Belkacem Sahli, représentant de Abdelaziz Bouteflika au sein de la Commission de surveillance de l’élection qui répond à M. Boutebig en déclarant : «La Constitution et le code électoral n’interdisent aucunement au chef de l’Etat d’exercer ses fonctions en période électorale» avant d’ajouter : «A mon avis, ces candidats tiennent ce discours parce qu’ils sont incapables de mobiliser».

Pour M. Sahli, le secrétaire général de l’Alliance nationale républicaine (ANR), « il n’y a aucune confusion entre l’activité présidentielle et la campagne du candidat, qui est menée par des personnalités politiques».

Pour finir, Fateh Boutebig explique que la surexposition de Bouteflika dans les médias publics en pleine campagne électorale n’est pas le seul problème constaté puisque selon lui, il y a aussi la question de l’usage des biens de l’État par les personnalités qui représentent le président candidat. M. Boutebig explique que les ministres qui font campagne pour Bouteflika usent de leur fonction entre autres, en se déplaçant avec toute l’escorte nécessaire à leur fonction. Pour se défendre et répondre à cette accusation, Abdelmalek Sellal a récemment déclaré : «Je garde uniquement mes gardes du corps».

Quant à la Commission de supervision de l’élection qui rappelons là, est composée de magistrats, qui ont pour rôle  de veiller au respect des lois lors de la campagne électorale, elle refuse de se prononcer sur des questions politiques. Son président, M. Lachemi Brahmi déclare : «Si vous abordez la question sur le plan politique, la commission n’a aucune réponse. La préservation de sa crédibilité la met dans l’obligation de s’abstenir de tout avis lié à la politique. Elle est là pour faire appliquer la loi et rien que la loi.»