Au sein de l’armée, les changements se poursuivent à un rythme jamais connu auparavant. Depuis un mois et demi, Ahmed Gaïd Salah opère un grand mouvement au sein des organes de l’ANP.
Chefs de régions, chefs des armées et d’autres services stratégiques sont envoyés à la retraite ou mutés. Un remue-ménage qui commence à soulever des interrogations quant à ses véritables tenants et aboutissants.
Après avoir mis fin aux fonctions des chefs des première, deuxième et sixième régions (nommé à la place du général-major Saïd Bey à Oran), Ahmed Gaïd Salah a mis fin aux fonctions, hier, du général-major Abderrazak Chérif, chef de la 4e Région militaire (Ouargla). Il l’a remplacé par le général Hassan Alaïmia, qui occupait le poste de commandant adjoint de la région, indiquent plusieurs sources médiatiques.
Car, depuis l’été, les changements à la tête de l’institution militaire ne sont pas annoncés par les canaux habituels. Ce sont souvent des chaînes de télévision privées et des sites d’information qui se chargent de répercuter des fuites vraisemblablement organisées. C’est dans le même sillage qu’on apprend d’ailleurs que le chef de la 3e Région militaire, en l’occurrence le général-major Saïd Chengriha, a été relevé de ses fonctions. Mais, contrairement aux autres chefs de régions, le vieux général (il figure parmi les cadres les plus âgés de l’ANP) a été nommé, le même jour, commandant des forces terrestres.
Il remplace un autre vieux général, à savoir le général-major Ahcène Tafer. Ce dernier, nommé au poste stratégique de chef des forces terrestres en 2009, occupait déjà le poste de chef de la très stratégique 3e Région militaire. Des sources concordantes indiquent que le désormais ancien chef des forces terrestres est appelé à occuper d’autres fonctions au sein de l’appareil militaire.
Ces changements, qui seront suivis par d’autres — puisque la mise à l’écart du dernier chef de région encore en poste, à savoir celui de la 5e Région (Constantine), le général-major Ammar Athmania, n’est désormais qu’une question de temps, croit-on savoir — ne relèveraient donc pas de simples mouvements de routine, comme l’a récemment indiqué Ahmed Gaïd Salah, lors de l’installation du nouveau chef de la 1re Région. S’il est admis que certains de ces chefs militaires ont été écartés pour leur implication, directe ou indirecte, dans le scandale de la “cocaïne”, il n’en demeure pas moins que les observateurs lisent autrement ce qui se passe présentement au niveau de la grande muette. Les supputations les plus osées évoquent une ambition politique chez le tout-puissant chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah.
Ce dernier, toujours selon les mêmes lectures, préparerait les conditions qui lui permettraient l’accès à une haute fonction politique sans être contrarié.
Des informations de plus en plus insistantes évoquent, en effet, de profonds remaniements dans des postes stratégiques de l’État. À commencer par des changements dans le gouvernement avec comme grande nouveauté la désignation de l’actuel chef d’état-major de l’ANP au poste très convoité de ministre de la Défense nationale. Si cela advient, ce sera une première depuis la nomination de Liamine Zeroual à ce poste en 1993.
A. B.