Les cheminots paralysent le rail

Les cheminots paralysent le rail

Le mouvement de débrayage a été scrupuleusement suivi à travers le territoire national. Les guichets de la gare de l’Agha étaient quasiment vides.

Les voyageurs ont dû évacuer les lieux car aucun train n’a quitté le quai. Il faut préciser, cependant, que la grève décrétée par les cheminots a été décidée sans l’aval de leur fédération affiliée à l’UGTA.

On chôme à la SNTF. Les cheminots sont en grève depuis hier. Selon les animateurs du syndicat venus des quatre coins du pays, rencontrés, hier, à la gare férroviaire d‘Agha (Alger), le mouvement de débrayage a été scrupuleusement suivi à travers le territoire national.

D‘ailleurs, les guichets de ladite station étaient quasiment vides. Même les voyageurs ont dû évacuer les lieux, car aucun train n‘a quitté le quai. Il faut préciser, cependant, que la grève décrétée par les cheminots, a été décidée sans l‘aval de leur fédération affiliée à l‘UGTA.

Cette dernière, saisie à maintes reprises par les travailleurs, «n‘a même pas pris la peine de nous recevoir et de s‘enquérir de nos préoccupations», s‘est indigné un syndicaliste de la section d‘Alger. Et d‘ajouter : «Le SG de la Fédération nationale des cheminots a porté un costume beaucoup trop grand pour lui», pour dire qu‘il occupe un poste dont il n‘assume pas les responsabilités.

Les cheminots protestataires déplorent «la fermeture des portes du dialogue», et la fuite en avant de leur Fédération, censée défendre leurs intérêts. Ils bravent de la sorte et la Fédération, et la Direction générale de la SNTF, en plus de leur tutelle, le ministère des Transports.

La principale revendication des cheminots s‘articule autour de l‘augmentation de leurs salaires. Ils dénoncent, à ce titre, leur «exclusion» des récentes négociations entre le gouvernement et les différentes fédérations de l‘UGTA dans le cadre des conventions de branches. «Après 31 ans de service, je ne perçois que 26.000 DA», a avoué un chef de gare à Annaba, rencontré en gare d‘Agha. D‘autres cheminots, venus de Souk Ahras et Tébessa, eux, n‘ont pas caché leur colère quant au fonctionnement de leur fédération.

«Le Conseil d‘entreprise fédéral (CEF) de la Fédération nationale des cheminots ne s‘est pas réuni depuis 4 ans !», nous ont-ils révélé, non sans amertume. En effet, une pétition signée par 48 membres du CEF au siège de la fédération à Alger, en date du 5 mai dernier, avait demandé la tenue de ce fameux conseil mais la doléance est restée lettre morte.

D‘où le recours à ce débrayage, décidé par les travailleurs sans préavis ni consultation de leur Fédération. «Ce n‘est pas deux personnes qui vont décider du sort de 11.400 travailleurs», s‘est indigné un syndicaliste de Constantine, tout en regrettant l‘absence d‘une oreille attentive à leurs revendications pourtant «légitimes».

Cette énième grève des cheminots risque de s‘inscrire dans la durée, au vu de la détermination des travailleurs, qui sont décidés à bien prendre les choses en mains et continuer la protestation jusqu‘à pleine satisfaction de leurs doléances.

Mokrane Chebbine