À peine 40 élèves sur 1 000 inscrits en première année primaire arrivent à décrocher leur bac ! Le chiffre “balancé” de façon aussi brutale a, effectivement, de quoi provoquer un choc national, car les Algériens sont loin de s’imaginer que le phénomène du décrochage scolaire se situe à cet étiage.
Mais, pour les professionnels de l’éducation, qui n’ont de cesse, depuis des années, de lancer des alertes, pas d’effet douche froide, pour la simple raison qu’ils tutoient ces chiffres dans leur pratique pédagogique quotidienne. Et l’enquête du ministère de l’Éducation datant de 2013 ne fait que consacrer, statistiquement, une situation de fait et structurelle.
Peut-être que le propos, brut, de décoffrage, de madame Benghabrit pourrait amener à une plus grande prise de conscience. En réalité, le décrochage scolaire, ou déperdition, vocable préféré du ministère de l’Éducation, traduit, simplement, un autre des aspects, fort nombreux, de l’échec du système scolaire algérien. Les experts de l’éducation nationale font porter le chapeau du phénomène en question au système d’évaluation en usage.
Faut-il alors en finir avec l’évaluation et réinventer un autre système ? La perspective paraît dénuée de sens, dans la mesure où l’évaluation est une partie intégrante dans le processus pédagogique qui permet de mesurer l’effet de l’apprentissage, l’évolution des acquisitions ainsi que le niveau d’atteinte des objectifs pédagogiques. Faut-il alors revoir les critères de l’évaluation, pour plus de pertinence, plus de flexibilité, en tenant compte des spécificités de chaque élève, de sa condition sociologique et psychologique ? Dans la mesure du possible, pourquoi pas ? Encore que cela suppose de gros moyens logistiques et humains qui relèvent de l’utopie.
Quant à la question de la suppression des notes et des contrôles continus, au motif qu’ils sont des facteurs inhibiteurs de l’élève, c’est un débat aussi vieux que l’éducation elle-même, qui n’a jamais été tranché. Mais tout le monde convient que c’est à travers le système de note, de composition, qui créent une émulation que l’élève, ce citoyen de demain, est préparé à la compétition qui est un des fondements de la vie. À moins qu’au ministère de l’Éducation on ne veuille réinventer le monde.