Au nom de l’ensemble des victimes de la banque Khalifa, Omar Abed a demandé aux hautes instances du pays d’agir en premier lieu sur l’extradition de l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, en l’occurrence Keramane Abdelwahab, actuellement en fuite dans un pays européen.
Contacté hier, le président du collectif des clients spoliés de Khalifa Bank, Omar Abed, a demandé, au nom de l’ensemble des victimes de la banque Khalifa, aux hautes instances du pays d’agir en premier lieu sur l’extradition de l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, en l’occurrence Keramane Abdelwahab, actuellement en fuite dans un pays européen et non pas pour l’extradition de Rafik Khalifa. Selon lui, Keramane est l’un des principaux responsables du scandale financier Khalifa Bank. «Cet ex-gouverneur de la Banque d’Algérie est le véritable responsable des détournements commis à la Banque Khalifa, dont nous sommes victimes. Depuis l’année 1999 et jusqu’à 2003, Keramane n’a pas réclamé le bilan annuel, dit de contrôle classique, auprès de l’administrateur de la Banque Khalifa, une opération pourtant obligatoire. Au lieu d’instaurer le règlement applicable à toutes les banques, l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie a préféré fermer les yeux durant ces années.
C’est ce qui est le plus grave dans cette affaire», lâche notre interlocuteur. Comment peut-on ne pas exiger cette procédure à une banque devenue leader en Algérie ? L’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie a-t-il reçu des pots-de-vin en contrepartie de sa politique commerciale très «spéciale», voire très «douce» avec la banque du golden boy ? A nos jours, aucun mandat d’arrêt international n’est lancé contre lui puisqu’aucun jugement définitif n’a été prononcé en Algérie depuis sa fuite à l’étranger. Quelles sont les raisons de ce traitement spécifique ? Autant de questions qui s’imposent aujourd’hui, plusieurs années après la dissolution de l’empire de Abdelmoumène Rafik Khalifa. Selon Omar Abed, Keramane détient des secrets confidentiels sur le plus grand scandale financier Khalifa Bank, son extradition vers Alger peut servir au dénouement de cette affaire. Le président du collectif des clients spoliés de Khalifa ajoute : «Aujourd’hui, nous sommes fatigués par les jugements qui n’en finissent pas avec cette affaire. Tout le monde parle de Khalifa, alors que le vrai coupable est Keramane Abdelwahab. Il savait très bien que la banque Khalifa était en faillite mais il n’a rien fait pour sauver les clients de cette banque. Pire, il a sauvé sa peau en laissant derrière lui plusieurs milliers de clients spoliés par une arnaque préparée à l’avance».
«Tout le monde est concerné par les amnisties sauf nous»
Fatigué comme chaque client spolié dans cette affaire, le président de ce collectif, Omar Abed, a lancé un appel aux autorités du pays pour l’extradition de tous les coupables dans le scandale financier de Khalifa Bank. «Respectez la mémoire de
1 million et demi de chouhada. Respectez la mémoire des martyrs du 1er Novembre 1954, dont nous célébrerons dans quelques jours le 55e anniversaire. Les responsables au plus haut niveau du pays doivent se montrer fidèles à ces martyrs. Nous, en tant que victimes de ce scandale financier, nous appelons également l’Etat à agir plus afin de nous indemniser et récupérer notre argent dilapidé par une bande de malfaiteurs. Tout le monde est concerné aujourd’hui par une amnistie, les agriculteurs ont bénéficié de cette loi, les terroristes aussi, alors comment, nous, les vraies victimes, nous ne sommes toujours pas concernés par cette loi» indique Omar Abed. Dramatique est aujourd’hui la situation de milliers de familles, clients spoliés de Khalifa Bank. Ces dernières vivent actuellement de pires moments, c’est le moins que l’on puisse dire. Ruinés, onze de ces clients sont décédés depuis la dissolution de la Banque Khalifa, en 2004, a révélé le président du collectif des clients spoliés de Khalifa au Jour d’Algérie le 29 janvier dernier. Certains clients spoliés de Khalifa Abdelmoumène se sont endettés pour subvenir aux besoins des leurs ; d’autres se sont séparés de leur famille et beaucoup ont tenté de se suicider. Aujourd’hui, telle est la situation de plus de 2 000 familles.
Par Sofiane Abi