Les clignotants sont au rouge

Les clignotants sont au rouge

o-BANQUE-ALGRIE-facebook.jpgPour bien comprendre, le sujet qui fait polémique entre les autorités de la Banque centrale d’Algérie, et les institutions financières internationales, à propos des déficits du compte courant de la balance des paiements, des contractions des réserves de change et de la difficulté à resserrer le budget de l’Etat, il est indispensable de revenir au rapport établi en janvier 2016 par le gouverneur de la Banque d’Algérie.

Ce rapport détaille comment la conjecture économique après l’effondrement des prix des hydrocarbures a été malmenée. Ce rapport ne dit pas en revanche comment devait procéder la Banque centrale pour assurer la couverture des risques, ni comment stopper l’hémorragie que subit le Trésor public dont le solde global s’est détérioré accusant un déficit de 1 653,6 milliards de dinars au cours des neuf premiers mois de l’année 2015.

La dévaluation du dinar avec son lot négatif sur le pouvoir d’achat et l’inflation figurent également dans l’exposé de la BCA, sans pour autant que celle-ci critique les procédures existantes du panier de devises qui sert à fixer la valeur de notre monnaie. Le rapport de la BCA indique : «Les réserves de change de l’Algérie ont baissé à 152,7 milliards (mds) de dollars à fin septembre 2015 contre 159,03 mds à fin juin 2015, soit une baisse de 6,33 mds entre juin et septembre, avait indiqué l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci.

Entre septembre 2014 et septembre 2015, la contraction des réserves de change a été de 32,57 mds de dollars, a-t-il précisé. Par ailleurs, le déficit de la balance des paiements s’est établi à 20,8 mds de dollars au cours des neuf premiers mois 2015 contre un déficit de 3,02 mds durant la même période de 2014, a souligné le gouverneur dans sa présentation du rapport de la conjoncture économique et financière en présence des PDG des banques et établissements financiers en activité en Algérie.

La contraction des réserves officielles est induite par le creusement du déficit de la balance des paiements sous l’effet du choc externe, résultat d’une baisse drastique et surtout continue des cours mondiaux du pétrole, a expliqué le gouverneur de la BCA, tout en estimant que la situation actuelle est différente de celle de 2009 où les prix du pétrole s’étaient rapidement relevés, poursuit le rapport de la BCA.

Sous l’effet de ce choc, le compte courant de la balance des paiements a affiché un important déficit de 20,05 mds de dollars au cours des neuf premiers mois de 2015.A fin décembre 2014, la valeur du matelas en devises de l’Algérie était estimée à 178,94 mds de dollars.

Les finances publiques fortement détériorées par le choc externe

Par ailleurs, «l’impact du choc externe de grande ampleur sur les fondamentaux a induit une dépréciation de 19,57% du cours moyen du dinar contre l dollar américain entre janvier et septembre 2015, et de 2,16% par rapport à l’euro», note le rapport. Cependant, «le taux de change effectif réel du dinar reste apprécié par rapport à son niveau d’équilibre de moyen terme, en situation d’élargissement du différentiel d’inflation et de tensions sur les marchés des changes», indique la Banque d’Algérie précisant que ses interventions visent justement «à prévenir toute appréciation du taux effectif réel dommageable pour la stabilité macroéconomique à moyen terme».

Cette dépréciation s’est répercutée sur le renchérissement des prix à l’importation des biens. Sur ce point, le gouverneur de la Banque centrale a annoncé que son institution envisageait d’introduire de nouvelles mesures pour la couverture du risque, sans donner plus de détails.

«L’impact du choc externe sur les finances publiques, fortement tributaires de la fiscalité pétrolière, se reflète dans le creusement du déficit budgétaire et l’érosion des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR)», lit-on dans le rapport de la Banque centrale. Ainsi, les recettes de la fiscalité pétrolière ont atteint 1 834,14 milliards de dinars (mds DA) à fin septembre 2015 contre 2 603,4 mds DA à la même période de 2014.

Ainsi, le solde global du Trésor s’est détérioré davantage pour atteindre un déficit de 1 653,6 mds DA au cours des neuf premiers mois de 2015 contre un déficit de 789,6 mds à la même période de 2014. En conséquence, le stock d’épargne financière du Trésor a chuté à 2 913,3 mds DA à fin septembre dernier contre 3.521 mds trois mois auparavant.

«Au total, les ressources du Trésor ont subi une érosion drastique de l’ordre de 1 972,8 mds DA entre fin septembre 2014 et fin septembre 2015, soit une réduction de 40,4% en l’espace de douze mois seulement, après plusieurs années d’efforts soutenus d’épargne budgétaire», explicite la même source qui souligne, cependant, les avantages de la politique budgétaire «prudente» poursuivie pendant la période où les prix du pétrole étaient élevés.

Concernant la situation monétaire du pays, la BA constate une «très faible» progression de la masse monétaire M2 (+0,8%) entre janvier et septembre 2015, après une contraction au premier semestre de la même année (-0,13%).