Une véritable catastrophe écologique a frappé de plein fouet le fond marin d’une partie du littoral d’Annaba.
En effet, depuis deux jours, à la cité côtière Seybouse et une partie de la plage d’échouage de Sidi-Salem à l’est du chef-lieu de la wilaya, des centaines de poissons morts ont été rejetées par la mer. Les riverains, complètement assommés par cette nouvelle, pointent du doigt le complexe de fertilisants Fertial d’Annaba, implanté aux abords de l’embouchure du Seybouse, et jouxtant la plage de l’antique cité Joinnonville, et ce, malgré les efforts développés par fertial dans le cadre de Contrat de performances environnementaux.
En effet, nos interlocuteurs avancent qu’il ne s’agit nullement d’un phénomène naturel, mais plutôt d’un bouleversement écologique, et que les poissons auraient absorbé une substance toxique qui a entraîné leur mort.
Des professionnels de la mer signalent, quant à eux, que des produits toxiques mortels pourraient être déversés par une autre entreprise comme le complexe sidérurgique d’El-Hadjar, vu que parmi les poissons morts, l’on en dénombre vivant généralement dans les eaux d’oued, à savoir des carpes et des barbus.
Aussi, dès la matinée d’hier, de nombreux secteurs concernés par cette situation, à savoir les services de l’environnement de la wilaya, de la pêche et des ressources halieutiques, de l’agriculture, de sécurité (police et gendarmerie), l’APC d’El-Bouni et les ingénieurs de l’Association nationale de lutte contre la pollution et la protection de l’environnement (Anpep), se sont mobilisés dans le but de cerner le problème.
Du côté du service de l’environnement, l’on affirme que dès l’apparition du phénomène, avant-hier aux environs de 5h du matin, une équipe a été dépêchée sur place et des échantillons ont été prélevés et transmis au laboratoire spécialisé de l’observatoire de l’environnement d’Annaba pour analyses.
Par ailleurs, le périmètre en question a été bouclé et sécurisé, avant le lancement de l’opération d’enlèvement des poissons morts, a tenu à rassurer le directeur de l’environnement, M. Boudalia.
Il importe de rappeler que la côte annabie détient le triste record de la région la plus polluée d’Algérie. Contacté à ce sujet, M. Halimi, président de l’Association nationale pour la protection et la lutte contre la pollution, affirme que le bassin de la Seybouse “est confronté chaque jour à plusieurs polluants industriels et urbains émanant des différentes villes (68 communes de 7 wilayas) et usines (quelque 250), situées sur les deux rives. La pollution est arrivée à un degré si élevé qu’on annonce les prémices d’une catastrophe écologique réelle”.
Il a révélé, dans ce contexte, que “sur les 4,5 millions m3 de polluants industriels rejetés quotidiennement dans cette rivière, 3 millions de m3 sont des huiles usagées”. À ses yeux, l’embouchure de la Seybouse représente un véritable catalyseur de déchets de toute sorte. “Nous sommes en présence d’un conglomérat de liquides visqueux et vaseux renfermant des vecteurs de maladies infectieuses”, conclut notre interlocuteur.