La situation déjà critique de la Caisse nationale des retraites (CNR) devrait s’aggraver davantage dans les années à venir.
Lors d’une séance plénière de l’APN, tenue jeudi 7 novembre et consacrée aux questions des députés relatives au projet de loi de finances (PLF 2020), le ministre des Finances, Mohamed Loukal, a donné un avant-goût de ce qui attend la Caisse, indiquant ainsi que son déficit pourrait atteindre les “800 milliards de dinars en 2021” et qu’il se creusera, avec une moyenne annuelle de “2,5%”, voire “3%” tout au long de la prochaine décennie.
La coupe est pleine ! Comment faire alors pour surmonter de telles difficultés ? Le ministre ne propose pas de solutions, soulignant toutefois qu’il ne serait pas possible de couvrir ce montant entièrement et en permanence à partir du budget de l’État. Il a également rappelé que la CNR enregistre, depuis 2014, “un déséquilibre structurel aigu, s’élevant à 600 milliards de dinars en 2018”. Et d’affirmer qu’il serait difficile de le résorber, en l’absence de réserves à court terme et de réformes à moyen et à long termes. Il est clair que cette situation est liée au fait que l’État a laissé s’accumuler les déficits, bricolant des solutions au fur et à mesure que les problèmes se posaient.
En 2018, il avait ainsi affecté à la Caisse plus de 500 milliards de dinars. À cela s’est ajoutée une contribution de solidarité au taux de 1% applicable aux opérations d’importation de marchandises, ce qui aura permis à la Caisse de bénéficier d’un apport complémentaire de plus de 20 milliards de dinars. Mais ces mesures n’ont pas suffi à mettre la Caisse à l’abri des déficits. Face à cette situation, l’État a essayé l’année dernière d’agir au plus vite, tentant une autre approche pour résoudre les problèmes : il a fait appel au Fonds national d’investissement (FNI) qui aura, en vertu d’une disposition introduite dans la LF 2019, un “important rôle” d’appui à jouer dans le financement de la CNR. En théorie, du moins, cette approche a été adoptée pour pouvoir répondre aux besoins de la Caisse en fonction du déficit prévisionnel.
Seulement, le montant de ces crédits n’a pas été fixé dans la loi de finances 2019, pour donner la possibilité à la CNR d’exprimer, et de manière objective, ses besoins financiers en fonction de la réalité du terrain. L’État se contente, encore une fois, de demi-mesures. Et il ne semble pas prêt à aller vers des solutions économiques durables.
Il savait, pourtant, que ce sont la nature de l’économie nationale et son mode de fonctionnement qui ont mis en évidence la vulnérabilité de la CNR. La situation économique du pays “explique relativement” l’état dans lequel se trouve la CNR, a d’ailleurs noté Mohamed Loukal, précisant que le facteur déterminant permettant de traiter le déficit financier de la Caisse, de façon durable, réside dans “l’amélioration” de la croissance économique qui favorise l’offre d’emplois, l’élargissement de l’assiette de cotisation et, partant, les finances de la CNR. Sans cela, la Caisse va droit dans le mur, et en pleine connaissance de cause !
Youcef Salami