Les propos d’Amar Saadani, qu’on pensait confortablement installé à la tête du FLN à la faveur de la réunion tenue à l’hôtel Aurassi fin août, ne cessent de provoquer des remous au sein du parti.
Ils semblent avoir fait désordre en haut lieu, à telle enseigne que l’on s’interroge sur l’avenir de l’ex-président de l’APN à la tête de l’ex-parti unique. Samedi dernier, pas moins de 130 membres du comité central se sont réunis à Alger et ont décidé de mener une croisade contre lui. « Nous dégageons toute responsabilité en même temps que nous dénonçons les dernières positions ou déclarations faites au nom du parti et qui osent, éhontément, émettre des jugements sur des phases cruciales dans la vie de la Nation ou sur des institutions nationales sensibles », ont indiqué les contestataires, à la tête desquels ont retrouve l’ex-coordonateur Abderrahmane Belayat et Abdelkrim Abada, dans un communiqué rendu public.
On l’aura sans doute relevé : ces contestataires rejettent la charge de Saadani contre les services de renseignement. D’ailleurs, ils tiennent à rendre un hommage « appuyé à toutes les forces vives qui œuvrent, en toutes circonstances, pour la gloire du pays, sa sécurité, sa stabilité, son intégrité territoriale et sa souveraineté à la tête desquelles l’armée nationale populaire ainsi que les différents services de sécurité ».
Balayat, connu pour n’avoir pas la langue dans sa poche, confit à la culture de l’intrigue, et qui qualifie l’intronisation de Saadani à la tête du FLN de « hold-up » et « d’acte de piraterie » soutient, à qui voudrait bien saisir son message, que leur « sortie n’est pas spontanée ». « Il y’aura une suite dans notre action », dit-il avec assurance. En décodé : ils sont décidés à mener la vie dure à l’actuel SG du FLN. Si bien entendu, cette croisade vise dans l’immédiat à torpiller la prochaine réunion du comité central prévue les 15 et 16 novembre prochain. Il reste que les enjeux dépassent largement le cadre partisan.
Des enjeux liés essentiellement à la prochaine présidentielle et à la révision de la Constitution dont Saadani annonce qu’elle interviendra avant avril prochain. En insistant que leur sortie « n’est pas spontanée », Belayat suggère, en demi-mot, qu’ils jouissent de soutiens solides au sein du pouvoir. Et qu’à ce titre, ils sont partis pour une longue bataille. Reste maintenant à savoir quels seront les artifices politico-juridiques que Saadani opposera à ses détracteurs.
Mieux encore disposera-t-il de suffisamment de troupes pour changer le rapport de forces d’autant qu’il vient d’ouvrir d’autres fronts en maintenant ses déclarations sur les services de renseignement et en s’attaquant à Sellal et au RND ? En tous cas, la crise ne fait que s’exacerber au FLN. Une nouvelle tempête qui souffle sur le parti dont personne n’est à l’abri.
Sofiane Tiksilt