“Pour l’année 2017, si le pays ne réussit pas à attirer des investissements étrangers élevés ou ne souhaite pas émettre de la dette en devises, la mobilisation des réserves en devises pour compenser ces déficits devrait se poursuivre”, note le groupe français.
La chute des prix du pétrole depuis l’été 2014 a fortement affecté les équilibres macroéconomiques de l’Algérie qui extériorise des déficits jumeaux (budgétaires et courants) très élevés, relève le groupe bancaire français, Crédit Agricole S. A. dans sa dernière publication “Perspectives – Pays émergents”.
En cumul sur l’année 2016, “ils vont dépasser 30% du PIB, comme en 2015”, prévoit le groupe bancaire français, estimant que le déficit budgétaire devrait, cette année, excéder 16% du PIB, et devrait donc épuiser les réserves du Fonds de régulation des recettes. “Pour l’année 2017, si le pays ne réussit pas à attirer des investissements étrangers élevés ou ne souhaite pas émettre de la dette en devises, la mobilisation des réserves en devises pour compenser ces déficits devrait se poursuivre.
Une chute de celles-ci à 80 milliards de dollars à fin 2017 serait alors envisageable”, prédit le groupe Crédit Agricole S. A. Dans son commentaire, le groupe bancaire français indique que “les dirigeants algériens disposent de plusieurs outils et d’éléments de réponse pour atténuer l’impact de la crise sur les comptes externes et les finances publiques : l’un d’eux est de laisser le dinar se déprécier par rapport au dollar ; ce qui aurait pour effet mécanique de réduire les importations et d’abaisser le seuil d’équilibre du compte courant. Mais cette politique ne semble pas encore à l’ordre du jour à Alger”.
Pour rappel, le cadrage macroéconomique et financier de la loi de finances pour la période 2017 à 2019 prévoit une balance commerciale déficitaire de 6,2 milliards de dollars l’année prochaine, solde qui s’équilibrerait en 2018 (+0,3 milliards de dollars) pour atteindre un excédent de 7,9 milliards de dollars en 2019. Les soldes de la balance des paiements prévus pour la période 2017 à 2019 s’établiront à -11,2 milliards de dollars en 2017, -5,4 milliards de dollars en 2018 et +2,2 milliards de dollars en 2019.
Dans un tel contexte, l’encours des réserves de change se contracteront l’année prochaine (113,3 milliards de dollars) et en 2018 (107,9 milliards de dollars) puis se redressement en 2019, pour se situer à
110 milliards de dollars, soit 27 mois d’importation de biens et services non facteurs.
Ce sont du moins les prévisions du gouvernement algérien. Le profil budgétaire de l’État se caractérisera, sur la période 2017 à 2019, par une consolidation budgétaire, notamment, en contenant la composante dépense dans des niveaux soutenables en vue d’atténuer les tensions sur les équilibres budgétaires qui se sont détériorés suite à la contraction des ressources depuis le second semestre 2014.
Dans ce cadre, la dépense publique, au cours de la période 2017-2019, sera circonscrite autour de 7 000 milliards de dinars, niveau proche de ceux enregistrés en 2012 et 2014, avec une tendance à la baisse en termes nominaux puisque la dépense s’établira à 6 800 milliards de dinars en fin de période, soit un repli de 12,2% par rapport à 2015.
Le solde global dit trésor se situerait à -1 297,7 milliards de dinars en 2017, puis ramené à -1 051,9 milliards de dinars en 2018 et à -425,6 milliards de dinars en 2019.
Compte tenu de la suppression du seuil légal du Fonds de régulation des recettes, son solde se situera à 100,9 milliards de dinars en 2017 et sera nul à partir de 2018, sous l’effet des prélèvements de 941,7 milliards de dinars en 2017, environ 318,5 milliards de dinars en 2018 et 485,9 milliards de dinars en 2019.