Les demandes d’excuses mises de côté Première visite d’un ministre des Moudjahidine en France

Les demandes d’excuses mises de côté Première visite d’un ministre des Moudjahidine en France

En dehors du rapprochement économique entre l’Algérie et la France, les dossiers liés à l’histoire coloniale sont toujours en suspens et Alger s’attend à une collaboration de Paris, notamment concernant les archives, les disparus algériens durant la guerre de Libération nationale et les indemnisations des victimes des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien.

Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni est attendu aujourd’hui à Paris pour une visite officielle, à l’invitation du secrétaire d’État français aux anciens combattants. Il s’agit d’une première dans les relations algéro-françaises depuis l’indépendance, car c’est la première fois qu’un ministre des moudjahidine se déplace en France pour une visite officielle, ce qui explique une vision des relations entre les deux pays plus de trois ans après la signature de la Déclaration d’Alger, par les présidents des deux Etats, à savoir, Abdelaziz Bouteflika et François Hollande.

S’il n’y a pas eu de précédentes visites des ministres des moudjahidine algériens en France, se serait lié à la sensibilité du secteur par rapport au passé colonial mais cet obstacle de mémoire semble se débloquer petit à petit. Et même la question de la repentance et que la France présente des excuses au peuple algérien pour les crimes qu’elle a commis lors de la période coloniale elle n’est plus posée de la même force que ce soit dans les discours des officiels ou la famille révolutionnaire.

Pour M. Zitouni, le règlement des dossiers en suspens «passe avant, ensuite on pourra parler d’excuses», a-t-il dit dans un point de presse dimanche après-midi. Il relève aussi une «avancée» dans la position française concernant la mémoire nationale, en témoigne la visite effectuée par le Secrétaire d’Etat français aux anciens combattants en Algérie, durant laquelle il avait déposé une gerbe de fleurs devant la stèle commémorative des victimes des manifestations du 8 mai 1945 à Sétif, outre les déclarations de hauts responsables français. M. Zitouni considère que sa visite en France serait l’occasion de rencontrer des moudjahidine algériens vivant en France et des amis français de la guerre de Libération nationale. S’agissant de la réaction de la famille révolutionnaire vis-à-vis de cette visite, le ministre a rappelé que sa visite en France ne s’effectuera pas dans «l’ombre, mais en plein jour» afin de régler les dossiers en suspens entre les deux pays, affirmant qu’il est temps de traiter ces dossiers de manière responsable. Cette visite ne s’inscrit pas dans la cadre des négociations mais vise à lever les obstacles qui les entravent, indiquant que l’Algérie «a des principes auxquels elle ne renoncera point». Pour rappel, une loi criminalisant le colonialisme français a été proposée en 2010 par un député du Front de libération nationale mais celle-ci n’a jamais vu le jour, elle a été considérée comme une réponse tardive à la loi de 2003 glorifiant la période coloniale en nord-africain adoptée par l’Assemblée française.

S’agissant de l’agenda de cette visite, selon M. Zitouni, il est temps que l’Algérie et la France se penchent sur les dossiers en suspens, notamment ceux relatifs aux archives nationales depuis le début de l’occupation française de l’Algérie jusqu’au recouvrement de la souveraineté nationale, aux disparus algériens durant la guerre de Libération nationale et aux indemnisations des victimes algériennes des essais nucléaires effectués à Reggane. Dans ce cadre, il a affirmé que l’Algérie ne renoncera pas à ses revendications relatives à la récupération des archives inhérentes aux différentes révoltes populaires contre l’occupant français, alors que dans une précédente déclaration, il avait indiqué qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que la France remette des archives qui la condamne durant la période coloniale. A ce propos, il a rappelé qu’une commission mixte avait été mise en place et scindée en plusieurs sous-commissions chargées de l’examen des questions techniques relatives à la récupération des archives de l’Algérie, soulignant que ces sous-commissions «ont franchi d’importants pas dans ce sens».

Pour ce qui est du dossier des disparus, M. Zitouni a affirmé que cette visite serait l’occasion d’évoquer le dossier des disparus algériens lors de la guerre de Libération, citant quelques cas tels que Larbi Tebessi et Maurice Audin et d’autres. L’Algérie possède, selon le ministre, des dossiers inhérents à ces disparus. Quant aux indemnisations relatives aux essais nucléaires en Algérie, il a indiqué que l’Algérie appelle à la création d’une commission mixte chargée de l’examen du dossier d’indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires effectués par la France à Reggane lors de la période coloniale. Il a ajouté que la partie française a demandé un recensement du nombre des victimes de ces essais, soulignant qu’il était impossible de connaître leur nombre exact car «l’Algérie était à l’époque sous occupation française». N. C.