Selon les résultats d’une étude menée par l’Office National des Statistiques (ONS), les dépenses des ménages algériens ont presque doublé en l’espace de dix ans, atteignant 8016 milliards de dinars en 2022 contre 4489,5 milliards de dinars en 2011.
Cette hausse de 78,6 % est le reflet des changements dans les modes de vie, ainsi que de l’inflation qui a marqué l’économie nationale. Le rapport souligne qu’en moyenne, un ménage dépensait 72500 dinars par mois en 2022, contre environ 59700 dinars il y a dix ans, soit une augmentation de 21,4 %. Ces chiffres révèlent une pression croissante sur le pouvoir d’achat des Algériens, dans un contexte marqué par la fluctuation des prix des biens de consommation.
L’alimentation et le logement : des postes budgétaires dominants
Les dépenses alimentaires et celles liées au logement continuent de représenter les plus grosses parts du budget des ménages. En 2022, les dépenses alimentaires s’élevaient à 2753,1 milliards de dinars, représentant 34 % du budget total. Cela inclut les achats de produits de première nécessité, tels que les céréales, le lait, et les viandes, dont les prix ont connu une hausse significative. En comparaison, en 2011, ces dépenses représentaient 41,8 % du total, ce qui indique une relative baisse en proportion, malgré l’augmentation absolue des coûts.
Les dépenses liées au logement, y compris les charges telles que l’eau, l’électricité et le gaz, ont quant à elles atteint 2322,9 milliards de dinars en 2022, soit 29 % du total. Cette hausse est partiellement attribuée aux investissements publics dans le secteur immobilier, ainsi qu’à l’augmentation des coûts énergétiques. Les autres postes importants incluent le transport et les communications (11,4 % des dépenses), et la santé (8,2 %), dont les parts ont elles aussi légèrement augmenté par rapport à 2011.
L’évolution des habitudes de consommation et leurs implications
L’analyse des données montre une évolution significative dans les habitudes de consommation. Alors qu’en 2011, les ménages consacraient 41,8 % de leur budget à l’alimentation, cette part est descendue à 34,3 % en 2022. Cela pourrait s’expliquer par une diversification de la consommation, avec une augmentation des dépenses dans d’autres secteurs, tels que les loisirs, l’éducation, et les services financiers, qui, bien que moins importants en termes de pourcentage, ont vu leur poids augmenter. Par exemple, les dépenses en loisirs et culture ont presque doublé, atteignant 4,6 % du budget total en 2022, contre 2,5 % en 2011.
De plus, l’accroissement des dépenses de santé, qui représentent désormais 8,2 % du budget des ménages contre 6 % il y a dix ans, reflète une prise de conscience accrue des questions de bien-être et des enjeux sanitaires, notamment après la pandémie de COVID-19. Le rapport de l’ONS souligne également une tendance à la hausse des dépenses liées aux nouvelles technologies et aux télécommunications, soutenue par l’expansion des services de téléphonie mobile et d’internet haut débit.
En somme, la hausse des dépenses des ménages algériens s’accompagne de changements structurels dans la répartition budgétaire, qui traduisent à la fois l’évolution des besoins, la pression inflationniste et les nouvelles priorités de consommation. Ces dynamiques posent toutefois des défis pour le pouvoir d’achat, alors que les ménages doivent jongler avec des dépenses de plus en plus diversifiées et des prix qui continuent d’augmenter.