Les secteurs du bâtiment, des travaux publics (BTP) et de l’administration (Fonction publique) sont les plus touchés par le déficit de main-d’œuvre, faute de financements publics encourageant les recrutements. C’est le constat établi avant-hier par l’Office national des statistiques (ONS) et les chiffres qu’il a communiqués pour la période d’avril 2017 dernier.
Selon la même source, le déficit est de 91 000 personnes dans le BTP. Pour cause, les sociétés du BTP traversent aujourd’hui une situation difficile qui s’est aggravée depuis septembre 2014 avec la chute des revenus en devises générés par les hydrocarbures. Par faute de financement et de plans de charge pour les entreprises du BTP, des projets sont gelés et des réalisations reportées à des dates ultérieures sans calendrier précis : une situation où plusieurs sociétés sont asphyxiées et sont en attente de récupérer les impayés des projets qu’elles ont réalisés : 130 milliards de dinars que les banques devaient débloquer avant juin dernier.
Ces entreprises ne parviennent plus à recruter. Ceci explique pourquoi selon l’enquête de l’ONS les sans-diplômes, véritable bassin de main-d’œuvre pour le secteur, sont les plus touchés : le taux de chômage chez eux est de 52,2%. Ce phénomène touche également pour les mêmes raisons les diplômés de la formation professionnelle : 14,8% en avril 2017 contre 13% en septembre 2016. Finalement, le secteur de la formation professionnelle n’offre pas beaucoup de débouchés à l’employabilité des stagiaires, à en croire l’enquête de l’ONS. Le secteur du BTP a aussi besoin d’un personnel diplômé. Toutefois, l’enquête ne précise pas leur proportion dans ce secteur. Dans l’ensemble, le chômage des porteurs de diplômes a sensiblement reculé passant ainsi de 17,7% en septembre à 17,6% en avril dernier.
La Fonction publique nourrit désormais le chômage
L’administration de la Fonction publique est l’autre secteur qui recrute de moins en moins. L’ONS fait état d’un solde négatif de 84 000 personnes en chômage. Une donnée qu’il s’agit d’aligner sur une autre : le choix du gouvernement de limiter le recrutement dans ce secteur en raison de la crise économique et des réformes qu’il faut lui opposer.
Il est en effet dicté par la « rationalisation » des finances publiques et seuls les départs en retraite seront remplacés, selon les besoins. L’Etat continue à recruter dans l’Education nationale et la Santé publique. Le ministre du Travail a déclaré récemment que le recrutement (par la Fonction publique) ne s’arrêtera pas mais sera limité ». Mais à quel seuil ?
Et fonction de quelle intensité face à une crise économique qui ne semble être qu’à ses débuts ? Dans le cadre de la nouvelle politique, près de 10 000 postes sont à pourvoir alors que les déclarations des officiels amènent ce chiffre à un total de près de 50 000 répartis sur l’Education nationale avec 20 000, la santé, les services de sécurité et les effectifs des nouvelles circonscriptions administratives, selon des experts. On comprend alors pourquoi le ministre du Travail, toujours lui, a appelé le secteur privé à « créer le maximum de postes d’emploi pour absorber le chômage ».