Les douanes instruites pour enclencher la procédure / Automobile : le gouvernement débloque les kits de montage

Les douanes instruites pour enclencher la procédure / Automobile : le gouvernement débloque les kits de montage

La désignation des administrateurs judiciaires et les pressions diplomatiques, ainsi que celles des maisons-mères ont abouti au dénouement d’une situation qui n’a que trop duré.

Les usines de montage automobile devront connaître, très prochainement, un redéploiement de leurs activités après une période de léthargie caractérisée par un arrêt brusque, pour certaines, et un ralentissement au niveau des chaînes d’assemblage, pour d’autres. En effet, dans une directive, le Premier ministre, Noureddine Bedoui, a instruit la direction générale des douanes algériennes pour libérer les conteneurs de kits SKD/CKD bloqués depuis plus de quatre mois aux ports d’Alger, de Mostaganem, de Jijel, de Skikda et d’Annaba au profit des constructeurs locaux, dont la plupart des patrons ont été placés sous mandat de dépôt dans des affaires de corruption, de surfacturation et de transfert illicite de et vers l’étranger.

Ce dénouement intervient quelques semaines seulement après que le parquet général a désigné des administrateurs judiciaires pour assurer le suivi de l’activité des concessions et des usines d’assemblage et garantir le maintien des emplois. Aussi, ce déblocage massif des kits de montage est motivé par l’engagement de la ministre de l’Industrie et des Mines, Djamila Tamazirt, qui a, récemment, accordé plusieurs audiences aux ambassadeurs et aux patrons des firmes automobiles installées en Algérie et qui avaient développé une activité industrielle dans ce secteur névralgique.

L’échéancier arrêté par le département de Mme Tamazirt pour le redéploiement de cette activité en 2020 pour toutes les firmes, y compris pour l’usine de Peugeot Citroën Production Algérie (PCPA) dont l’inauguration est prévue au mois de juin de la même année, a également participé au déblocage de ces kits, d’autant que la plupart des constructeurs locaux ont, officiellement, saisi les douanes algériennes et le ministère de tutelle sur la situation catastrophique qui prévaut dans les usines de montage automobile.

En ce sens, les douanes algériennes avaient procédé, en juillet dernier, au blocage de 1 200 conteneurs de kits SKD destinés au montage automobile de l’usine des mini-trucks de marque Cherry, des bus de marque Higer et des camions de marque Schacman, appartenant à l’homme d’affaires Ahmed Mazouz, placé sous mandat de dépôt et incarcéré à la prison d’El-Harrach. Cette usine située dans la wilaya de Sétif a vu son activité ralentir, avant d’être complètement mise à l’arrêt à cause de cet état de fait qui a, par ailleurs, pénalisé la clientèle.

Le même sort avait été réservé par les mêmes services qui ont bloqué 582 conteneurs de kits SKD, d’un montant global de 38,24 millions de dollars, au port de Mostaganem, à l’usine Tahkout Manufacturing Company (TMC) de Tiaret et dont le patron du groupe est également incarcéré à la prison d’El-Harrach. Cet état de fait a poussé les responsables chargés du transit au niveau de plusieurs usines à saisir la direction de la fiscalité relevant des douanes pour le déblocage de ces kits, notamment TMC de Tiaret qui a été contrainte de mettre son personnel au chômage technique.

Vu que ces kits ont tous été importés avec des montants accordés pour les domiciliations 2018-2019, l’expiration des agréments risque de mettre en difficulté ces usines. La coquette somme plafonnée à 2 milliards de dollars pour l’exercice 2019 pour l’importation de ces kits avait été siphonnée à hauteur de 920,86 millions de dollars en moins de cinq mois.

Devant cette situation, le gouvernement a fixé les montants pour quatre usines, à savoir Renault Algérie Production (600 millions de dollars), Sovac Production (600 millions de dollars), Gloviz-Kia (380 millions de dollars) et Tahkout Manufacturing Company-Hyundai (360 millions de dollars). Malgré ces restrictions, le montant consommé durant les sept premiers mois de l’année en cours est de l’ordre de 1,76 milliard de dollars.

FARID BELGACEM