Les eaux usées sont déversées dans les oueds : Le risque de MTH n’est pas écarté à Tizi Ouzou

Les eaux usées sont déversées dans les oueds : Le risque de MTH n’est pas écarté à Tizi Ouzou

Les opérations d’assainissement effectuées dans les villages de la wilaya n’ont pas satisfait, dans la majorité des cas, aux exigences environnementales. Les eaux usées n’ont pas abouti dans les stations d’épuration mais… dans les oueds.

à se fier aux déclarations des différents responsables locaux, toutes les mesures de nature à éviter le risque de contamination par le choléra sont prises par les autorités locales. Au fil des jours, ces déclarations ne se sont pas révélées vaines puisqu’aucun cas n’est jusque là enregistré dans cette wilaya et la population ne peut être que rassurée. Mais, une question continue, tout de même, de tarauder les esprits : le risque de maladies à transmission hydrique est-il définitivement écarté dans cette région ?

Si l’on juge par la qualité de l’eau potable qui arrive dans les robinet, le risque de MTH ne peut être que très infime, et même quasiment exclu dans la wilaya de Tizi Ouzou où les laboratoires de l’Algérienne des eaux (ADE), et de la Seaal pour la station de traitement des eaux du barrage de Taksebt, ont mis en place les procédés les plus rigoureux en matière de contrôle de qualité de l’eau distribuée aux ménages.

A contrario, la situation du raccordement aux réseaux d’assainissement dans la région est loin de donner la même assurance. Lorsqu’on entend des responsables annoncer que le taux de raccordement aux réseaux d’assainissement à Tizi Ouzou a atteint 88% après avoir été de 78% il y a une dizaine d’années, et que la région dispose de 8 stations d’épuration fonctionnelles, de plus de 200 bassins de filtration et une trentaine d’autres de décantation on est presque tenté d’applaudir. Sauf que ce taux cache une situation bien inquiétante par endroits. Une des inquiétudes vient de ces nombreux villages où les eaux usées des ménages sont déversées dans des conduites d’évacuation qui ne vont généralement pas au-delà de la sortie de ces villages. En effet, réalisés généralement par les APC et les comités de village, ces conduites ne sont reliées à aucun collecteur conduisant vers une quelconque station d’épuration. C’est dans la nature, les ruisseaux et les rivières que les eaux usées des villages sont généralement déversées. Une situation que nous avons eu à vérifier dans de nombreuses communes telles que Mâatkas, Béni Zmenzer, Béni Douala, Irdjen, Larbâa Nath Irathen, Aïn

El-Hammam…Cette situation n’est pas sans risque de provoquer des contaminations de la ressource hydrique et, par conséquent, un risque sérieux de prolifération de maladies à transmission hydrique parmi les populations locales comme ce fut le cas durant l’été 2015 dans la localité d’Irdjen où plusieurs personnes ont été évacuées vers les structures de santé. Tout récemment encore, l’ADE a dû intervenir, fort heureusement à temps, pour interrompre l’alimentation de certains habitants à Bouzeguène après qu’une conduite fut contaminée par des eaux usées, a-t-on appris auprès de sources locales. Dans la localité de Tizi Gheniff, à l’extrême sud de Tizi Ouzou, les eaux usées ont également contaminé la source El-Ainceur Tala Yaâla où s’approvisionnent les deux villages  Ioufithène et Ibellithène. “À l’origine de cette pollution, des réseaux d’assainissement qui déversent leurs eaux usées dans la nature et qui ont fini par contaminer la source”, a expliqué un habitant de la région.

La commune de Mechtras court le même risque tant le principal oued traversant le chef-lieu et qui trouve son prolongement dans la commune d’Assi Youcef, est totalement pollué. Mais le plus gros risque dans la wilaya de Tizi Ouzou guette, à l’avenir, surtout le barrage de Taksebt dont la cuvette continue de recevoir les eaux usées de la cinquantaine de villages nichés sur les collines le surplombant. Le projet de six stations d’épuration destinées à le protéger a été dégelé récemment après avoir été gelé en 2015 sous prétexte de l’austérité mais encore faut-il savoir dans combien de temps ce projet sera fonctionnel. En attendant, la vigilance s’impose car le risque de MTH n’est pas définitivement écarté.

Samir LESLOUS