Avec plus de 3.606 espèces animales et végétales menacées d’extinction, l’Algérie, est le pays du bassin méditerranéen où la situation de la biodiversité est l’une des plus préoccupantes, d’après les spécialistes du Centre national de développement des ressources biologiques (CNDRB).
Il faut dire que l’impact du facteur humain ainsi que le changement climatique est énorme sur les écosystèmes et qui serait l’une des causes les plus importantes de la dégradation de la biodiversité dans les pays méditerranéens, notamment l’Algérie.
« Les perturbations de l’homme sont à l’origine d’une détérioration des divers écosystèmes et exercent une pression insoutenable sur la biodiversité », nous a fait savoir une cadre experte, Mme Farida Khemar, enseignante en biologie à la faculté de Bâb Ezzouar. Ainsi, la sonnette d’alarme que tirent ces experts a de quoi intéresser les autorités compétentes.
Pourtant, ceux-ci ont tenu à rappeler que l’Algérie a adopté l’ordonnance présidentielle n°06-05 du 15 juillet 2006 relative à la protection et à la préservation de certaines espèces animales menacées de disparition. Ce texte fort attendu par l’opinion publique, qui assiste à l’équarrissage de son patrimoine faunique par les braconniers, établit une liste de 23 espèces réparties en trois classes.
Ainsi, dans la classe des mammifères, l’ordonnance interdit et punit désormais la chasse du mouflon à manchettes, de la gazelle rouge, de la gazelle de l’Atlas, du fennec et du guépard entre autres. Dans la catégorie des oiseaux, le législateur a énuméré sept espèces protégées, dont la fameuse outarde.
La mesure vaut également pour la chasse de l’ibis chauve, le faucon pèlerin, l’érismature à tête blanche et le faucon crécerellette. L’ordonnance classe également la tortue grecque, le fouette-queue et le varan du désert dans la liste rouge. Un autre statut de protection a été élaboré par le législateur algérien qui est inscrit dans l’annexe du décret n° 12-235 du 24 mai 2012, fixant également la liste des espèces animales non domestiques protégées. Mais « le problème réside dans l’application de ces textes », comme le déplore Mme Khemar, en marge du colloque international d’écophysiologie animale et biodiversité, tenu à l’université des sciences et de la technologie Houari Boumediène.
La liste rouge dénombre aujourd’hui quelque 3.606 espèces menacées dont 2.786 des espèces animales et 820 espèces végétales. Il existe 47 espèces d’oiseaux, 9 mammifères, 457 poissons (sachant qu’aucune espèce de poissons n’est protégée par la législation algérienne), et 2 reptiles. Dans les neuf pays méditerranéens étudiés dans le rapport d’Eurostat, les pourcentages sont encore plus élevés avec des moyennes de 14% pour les oiseaux, 39% pour les mammifères et 49% pour les amphibiens. En chiffres absolus, l’Algérie occupe la 3e place en ligne rouge, précédée du Maroc et l’Egypte.
Devant l’ampleur de ces menaces, les participants à cette rencontre ont estimé que les autorités compétentes doivent réagir, d’autant plus que la conservation de la biodiversité est devenue aujourd’hui une priorité d’ordre mondial. Un nombre croissant de zones protégées a ainsi été instauré et on en dénombrerait plus de 4.400 dans tout le bassin méditerranéen (nord et sud) s’étendant sur près de 96 millions d’ha (7% du total mondial).
Une biodiversité à la fois riche et vulnérable
Les causes sont nombreuses souligne Mme Khemar, en précisant que celles-ci « peuvent être naturelles, comme la sécheresse, la fonte des glaces, les incendies ou le manque de nourriture. Mais c’est surtout à cause des hommes que ces animaux disparaissent. Les mers et les forêts sont saccagées, polluées.
Les animaux sont chassés pour leur viande, peaux, dents, écailles, plumes ou leur graisse, pour fabriquer des vêtements, des bijoux ou encore des produits cosmétiques. Menacés par la pollution, le réchauffement climatique, la disparition de leur lieu de vie, les animaux sont les premières victimes de la mondialisation. Leur survie nuit à l’intérêt de la majorité de la population mondiale, provoquant, à l’avenir, la disparition d’un animal sur quatre ».
Pour ce qui concerne la biodiversité, sa préservation ne relève pas seulement de l’environnement, mais elle doit représenter également une opportunité pour une diversification économique plus rentable, une amélioration de la vie de la population par la création d’emplois et l’amélioration des revenus de ces mêmes populations.
L’Algérie est un pays très vaste dont la biodiversité est très riche mais elle fait face à de nombreuses pressions humaines et naturelles, une prise de conscience et des mesures urgentes doivent être prises au niveau institutionnel pour renforcer la planification et le cadre juridique en matière de préservation de la biodiversité.
La sensibilisation est aussi un élément crucial dans la protection de la faune et la flore.
Ainsi, ils sont au total 968 espèces arbustives sont répertoriées en Algérie, dont 359 naturelles, 40 endémiques, 65 protégées, 20 naturalisées et 589 introduites dont 20 espèces invasives.
Ces chiffres nécessitent un grand déploiement d’efforts pour un meilleur développement des espèces authentiques, notamment, faire barrière au développement des espèces invasives. La nécessité aussi de mettre fin aux coupeurs et vendeurs de plantes à des fins dites médicinales. Il est aussi important de revenir aux formes de sensibilisation de la population par le biais de simples pratiques comme la vente des timbres comportant des images d’animaux et de plantes existant dans un passé proche.