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Cette reprise ne veut aucunement dire que c’est la fin du mouvement estudiantin. Ils l’ont prouvé hier en improvisant une marche à Alger, empêchée par les forces de l’ordre.
Les étudiants reviennent à de meilleurs sentiments! Ils mettent fin à leur grève qui aura duré presque trois mois. Cependant, ils poursuivent la protestation. Comme ils l’ont fait hier en improvisant une marche au niveau du centre d’Alger. «Au cas où mardi prochain ça serait la fête de l’Aïd», ont-ils précisé, tout en maintenant la marche de mardi dans le cas contraire. Ce qui n’a pas été du goût des forces de l’ordre qui ont violemment réprimé cette marche. Mais cette nouvelle violence policière n’a heureusement pas remis en cause l’arrêt de la grève.
En effet, les étudiants de l’université des sciences et de la technologie Houari Boumediene (Usthb) ont décidé de reprendre les cours cette semaine. Ils emboîtent le pas à leurs camarades des autres campus universitaires qui, eux, ont repris depuis presque un mois. Les derniers Mohicans reviennent donc à la raison, évitant ainsi l’année blanche qui se profilait à l’horizon. «On a commencé cette grève pour faire pression sur le pouvoir. On a certes réussi au début, mais au fil du temps c’est notre avenir qui était mis en jeu», rapporte Redha, étudiant et membre actif du mouvement estudiantin pour le départ du pouvoir. «Il était difficile de convaincre le reste de nos camarades, mais il fallait trouver rapidement une solution qui nous permettrait d’éviter de perdre une année, tout en maintenant cette pression», explique-t-il. Après moult consultations et un vote très serré, il a finalement été décidé de reprendre les cours et sauver ce qui reste de l’année. Néanmoins, cette reprise ne veut aucunement dire que c’est la fin du mouvement estudiantin. Bien au contraire! «Nous allons maintenir les rassemblements hebdomadaires du mardi. Nous avons exigé de nos enseignants et l’administration que cette journée soit libre», affirme de son côté Fella, étudiante en L1 en ST (science technologique) qui fait partie de ceux qui étaient sceptiques pour la reprise. Mais ses camarades ont réussi à la convaincre de l’inutilité de perdre une année tout en lui «vendant» d’autres modes de protestation. «Nous allons reprendre les cours. L’année est encore longue, on passera pratiquement tout l’été à l’université. Ça nous permettra de ne pas perdre la fin du Hirak», poursuit-elle visiblement toute satisfaite. Car, pour elle une année qui se prolonge c’est un mouvement qui se prolonge, puisque même les étudiants venant d’autres wilayas seront toujours sur Alger. Ce n’est pas tout! D’autres actions de protestation sont prévues durant tout l’été. «On ne lâchera rien. Nous allons les surprendre avec des initiatives qui permettront de maintenir le cap du Hirak avec l’esprit silmiya», rapporte de son côté Adam, étudiant en biologie. Des actions caritatives et de nettoyage sous le signe de «Irouhou gaâ» sont ainsi programmées. Les premiers commencent dès aujourd’hui avec une action de nettoyage de la faculté pour montrer la grande conscience de cette jeunesse. De grands débats entre étudiants, enseignants, experts, politiques…sont également au programme. C’est le même tempo dans la majorité des universités et facultés du pays. Ils veulent être des acteurs majeurs de cette révolution. Il faut dire que ces jeunes ne cessent pas d’étonner depuis plus de trois mois. Leur détermination, leur niveau de conscience intellectuelle et politique, ainsi que leur civisme ont fait taire ceux qui voulaient les faire rentrer trop vite. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’ils sont surnommés le «coeur du Hirak» du fait que leurs rassemblements du mardi lui ont redonné vie dans les moments les plus difficiles. «Ce n’est pas encore fini, ça le sera le jour où l’Algérie sera libre et démocratique», assure la majorité d’entre eux, tout en promettant qu’elle n’allait pas donner de vacances au…pouvoir!