Les étudiants préfèrent l’étranger : L’université algérienne perd ses cerveaux

Les étudiants préfèrent l’étranger : L’université algérienne perd ses cerveaux

Chaque année, des milliers d’étudiants quittent l’Algérie à destination d’universités étrangères. La France, le Royaume Uni et le Canada sont les pays où ces derniers terminent leurs cursus pour ne plus revenir. C’est une véritable saignée pour l’université algérienne.

Les chiffres mettent en évidence des milliers de partants dés qu’ils achèvent leur premier cycle d’études. Les données de  » Campus France  » parlent de 25.000 nouveaux étudiants qui débarquent en France pour suivre des études de postgraduation. Mais un autre chiffre donné par le Secrétariat de l’immigration de France estime que 66.000 algériens sont installés actuellement pour compléter leurs études dans le cadre du master et doctorat toutes disciplines confondues.

Au Royaume-Uni, le nombre ne cesse de se multiplier pour avoisiner les 30.000 résidants dans les grandes universités de ce pays. Mais au Canada et malgré l’éloignement de la distance, les étudiants choisissent les prestigieux collèges et les grandes écoles de Montréal, Sherbrooke et autres noms étincelants pour réaliser leurs rêves de décrocher des diplômes prestigieux et ouvrant plus de perspectives à leurs carrières. Une bonne partie de ces étudiants préfèrent achever leurs premières années (Licence ou DES et ingéniorat) dans les universités algériennes, car le régime d’étude est gratuit et ne pose pas assez de tracasserie.

Le problème, selon les déclarations de professeurs et universitaires algériens  » les étudiants ont une envie de se réaliser ailleurs vu les nombreux atouts qu’offrent les universités étrangères « . Les motifs sont nombreux pour ces départs. Des formations plus valorisantes, des carrières stables, la recherche plus encadrée et des débouchés importants pour des postes supérieurs.

En somme, les étudiants qui débarquent sur les campus des grandes universités européennes ou nord américaines savent pertinemment que la partie est gagnée d’avance.

La méritocratie est érigée comme un dogme de réussite. L’université algérienne est en perte de vitesse. Elle forme pour les pays étrangers. Même si elle déclassée par les organisme mondiaux, l’université algérienne préfère la logique de la quantité au détriment de la qualité, même si des campus de Bab Ezzouar, l’école polytechnique ou la grande école de l’architecture gardent intacts leur aura d’antan. Mais les perspectives pour trouver un emploi bien rémunéré et un cadre de recherche idéal s’estompent vite au regard d’une conjoncture difficile et un chômage endémique. Abdelmalek Rahmani coordinateur national du CNES estime que  » c’est une grosse perte pour l’université que de voir 10.000 licenciés partir annuellement en France pour des masters « .

Pour sa part, le sociologue et chercheur au CERAD, Mohamed Saib Musette estime que  »  » 30% des médecins sont déjà installés en France « . Il explique que  » le problème relève d’un marché de travail qui fonctionne sans éthique « . Selon ce dernier, il faudrait faire en sorte de remobiliser ces compétences. Mais comment arrêter cette hémorragie du départ des élites vers l’étranger ? Les spécialistes sont d’accord à revoir carrément le système d’enseignement algérien. Une étude du CREAD sur le fonctionnement de l’université algérienne atteste de  » régressions pédagogiques et d’inadaptations du cycle d’études LMD par rapport aux besoins économiques du pays « .

Quand on sait que rien qu’en France, 41,3% des doctorants sont étrangers, d’autant que étude de ce pays signale que cette  » proportion très élevée, caractéristique des pays très attractifs qui offrent un système d’enseignement supérieur de qualité et ont tissé un réseau grâce aux liens historiques et linguistiques « .

Et dans ce cadre que les responsables du secteur doivent agir. L’annonce d’une réforme du LMD est-elle suffisante ? Selon certains, c’est non. C’est tout l’environnement socio-économique qui est à revoir. D’autre part, les spécialistes et sociologues mettent l’accent sur  » la création de passerelles entre les diplômés algériens à l’étranger avec leur pays d’origine  » afin d’apporter des contributions et transfert de savoirfaire.

C’est encore un voeu pieu mais il suffit, indiquentils d’une volonté politique réelle pour le faire.

Farid Larbaoui