Les entreprises algériennes utilisent très peu les facilités offertes par le gouvernement, selon le président d’une organisation patronale. En cause : bureaucratie et rigidité du système bancaire.
Seules 10% des entreprises algériennes ont bénéficié d’un financement du fond de garantie (FGAR) du crédit aux PME. Selon M. Mohand Saïd Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), ce faible recours aux fonds de garantie de la part du demi-million d’entreprises existantes révèle un sérieux handicap lié au financement de l’économie. « Le nœud du problème est le financement de l’économie », a ainsi affirmé M. Naït Abdelaziz, au cours d’une conférence de presse organisée par l’Union générale de commerçants et artisans (UGCCA) sur l’emploi dans le secteur privé.
Selon M. Naït Abdelaziz, 76,9% des emplois sont assurés par le secteur privé. « Des décisions ont été prises pour les allégements fiscaux dans le cadre de de l’emploi, ainsi que des baisses des charges fiscales. Il y a un consensus entre le gouvernement, le syndicat et le patronat sur la baisse des charges fiscales et parafiscales d’une manière à booster l’emploi », a-t-il dit.
D’autre, le président de la CNPA a vivement critiqué « pratiques bureaucratiques des banques », dont l’action ne reflète pas, selon lui, la volonté affichée par les pouvoirs publics pour relancer le secteur de l’industrie. C’est la raison pour laquelle la CNPA a décidé de lancer, lors de la prochaine tripartite prévue pour le mois de septembre, l’opération d’évaluation de la mise en application des mesures prises lors de ces rencontres entre le patronat, le gouvernement et la centrale syndicale UGTA. Le patronat veut axer son évaluation sur les deux dernières tripartites tenues le 28 mai et 29-30 septembre de l’année 2011. Lors de ces deux dernières rencontres, « nous sommes sortis avec 200 propositions négociées et admisses par le gouvernement, notamment le rééchelonnement des dettes fiscales et le financement bancaire », a rappelé M. Naït Belkacem, ajoutant que l’application de ces mesures pourra mettre fin à la bureaucratie qui entrave le processus d’investissement.
Un autre dossier qui reste à la traîne est la mise à niveau des PME. 4,5 millions de dollars ont été consacrés à la mise à niveau de 20.000 entreprises, a-t-il indiqué. A huit mois de la fin du plan quinquennal, « il y a à peine à 1.500 entreprises qui ont bénéficié de cette opération », a-t-il déploré. « Nous allons interpeller le gouvernement pour remettre de l’ordre dans l’approche globale », a-t-il annoncé. Selon lui, le patronat a décidé d’interpeller les banques, et d’exiger des explications sur les dossiers qui demeurent sans réponse. « Il faut répondre officiellement aux chefs d’entreprise », a-t-il dit.
Il a demandé en premier lieu des réponses sur le dossier relatif au rééchelonnement des dettes. 1.400 dossiers déposés auprès de l’ABEF (association des banques et des établissements financiers) attendent toujours. « La mise en œuvre des décisions du gouvernent pose problème au niveau des banques », a-t-il déclaré, ajoutant que « l’outil le plus important est le financement de l’économie. Les banques ne jouent pas le jeu ». Etablissant une comparaison entre l’apport de l’industrie dans le PIB durant les années 70 et durant ces dernières années, il a indiqué que la part de l’industrie dans le produit national brut était de 20% dans les années 70, contre 4,8% actuellement.
Les services des impôts semblent les seuls à veiller à l’application des décisions du gouvernement, selon M. Naït Belkacem, qui estime, au sujet de l’abrogation de l’article 87bis à la prochaine tripartite, que le dossier n’est pas clos. « Je ne dis ni oui ni non », répond-il à propos de son abrogation, ajoutant: « la politique des salaires doit être revue de fond en comble. Le salaire doit être lié à la compétitivité et à la rentabilité de l’entreprise ».