L’abondance de la production végétale et animalière enregistrée ces dernières années à Oran marque selon des spécialistes le passage à une agriculture moderne à la faveur du soutien de l’Etat à ce secteur stratégique.
Durant les deux précédentes saisons agricoles, la production céréalière a dépassé le million de quintaux, toutes variétés confondues, en dépit d’une faible pluviométrie durant les mois de mars et avril. Les fellahs d’Oran ont réussi à relever un véritable challenge.
Cette production jugée exceptionnelle a encouragé les agriculteurs à afficher de grandes ambitions à la faveur du projet d’aménagement de la plaine de M’lata, située au Sud de la wilaya, destinée à promouvoir la filière céréalière et de développer des variétés de blé dites Zenati, Benabid, El Waha et Vitra dont les qualités sont aussi avérées que celle dite Belioni, très répandue dans l’Est du pays.
Cette abondance de la production a touché également les grandes récoltes, soutenue par plusieurs facteurs notamment les dispositifs d’appui visant à encourager les fellahs et leur offrir des facilités en vue de développer et de diversifier leurs activités, a souligné le président de la Chambre de l’agriculture d’Oran.
Ce soutien a incité de nombreux fellahs à redoubler d’efforts et à adopter un parcours technique en culture en dépit du fait que 60 % d’entre eux n’ont aucun niveau d’instruction. Les fellahs se montrent exigeants en matière de vulgarisation des techniques agricoles, de sélection des semences de qualité, de traitement des sols et de suivi de la production pour réaliser une saison réussie, a ajouté Brachmi Meftah.
Des chiffres et des résultats
Les dispositifs de soutien au secteur, lancés depuis 2000, ont contribué à renforcer les agriculteurs en équipements et moyens matériels pour améliorer la production végétale et animalière à Oran, souligne, de son côté, le secrétaire de wilaya de l’UNPA, Abdallah Boukhelkhal, qui a estimé également nécessaires un suivi strict de cet appui et un accompagnement des fellahs.
Dans le cadre de cette démarche, le rendement agricole céréalier est passé de 8 à 20 quintaux à l’hectare. Il devra atteindre les 40 qx avec l’aménagement du périmètre de M’lata, selon les statistiques de la direction des services agricoles (DSA).
La superficie réservée aux maraichages a pratiquement doublé, passant de 2.000 à 4.000 ha portant ainsi la production à 400.000 qx contre 127.000
qx, précédemment. Ceci s’est traduit par une abondance des produits maraichers sur les marchés locaux tout au long de l’année.
L’arboriculture fruitière a également connu un essor, notamment l’oléiculture dont la surface qui lui est consacrée est actuellement de l’ordre de 7.762 ha, contre 591 ha en 2000. Cette hausse a également concerné la production, qui est passée de 6.800 qx en 2000 pour atteindre actuellement les 128.000 qx.
Par ailleurs, le soutien des éleveurs pour développer la production laitière et réduire les importants de cette denrée de première nécessité a donné des résultats jugés satisfaisants. Avec un cheptel de 11.537 têtes bovines, la wilaya d’Oran produit actuellement 43 millions de litres de lait, contre 11 millions de litres en 2000.
Cette tendance à la hausse a également touché la production animale où le nombre de bovines a atteint plus de 23.000 têtes contre 10.000 têtes en 2000, et plus de 318.000 têtes ovines contre 72.000 têtes en 2000.
Pour accompagner cet élan, 62 agriculteurs ont bénéficié, lors de la saison agricole 2014/2014, d’une aide de 62 millions DA octroyée par le Fonds national de développement agricole (FNDA) pour renforcer leurs équipements d’irrigation et l’acquisition de matériels et des engrais, entre autres.
Des eaux assainies pour l’agriculture
Le projet d’aménagement du périmètre de la plaine de M’leta et son irrigation à partir de la station de traitement d’eaux usées d’El Kerma constitue un investissement stratégique, faisant de la région Sud d’Oran une zone contribuant au développement local, ont souligné des professionnels.
Ce projet vise la mise en valeur, dans une première phase, de 6.000 ha sur un total de 8100 ha. Les eaux assainies serviront, entre autres, à l’irrigation de 2.000 ha d’oliviers, 1.400 ha de blé tendre et dur, selon des chiffres de la DSA.
Par ailleurs, ce projet touchera 124 EAC, 91 autres EAI, 481 fellahs indépendants et une seule ferme pilote. Pas moins de 3.000 ha seront consacrés à la production des fourrages destinés à l’alimentation des vaches devant assurer une production de plus de 34.000 litres de lait quotidiennement.
S’agissant du projet d’irrigation de 450 ha de terres agricoles à Ain El Turck, à partir des eaux de la station de traitement des eaux usées de Cap Falcon, son lancement est prévu prochainement et vise à améliorer les potentialités agricoles de cette région, préserver l’arboriculture fruitière et à renforcer la céréaliculture, précise-t-on à la DSA.
Pour assurer la réussite des projets de M’leta et d’Aïn El Turck, le secrétaire de wilaya de l’UNPA à Oran a mis l’accent sur la création d’un organisme national de gestion des eaux usées.
Dans cette optique, Boukhelkhal Abdellah a souligné que la meilleure gestion de l’usage des eaux d’irrigation destinées aux périmètres de M’lata et Ain El Turck serait de la confier à un organisme spécialisé.
De son côté, le président de la Chambre de l’agriculture d’Oran a indiqué que son organisme initiera des formations pour sensibiliser les fellahs désirant adhérer à ces deux projets en vue d’une utilisation optimale et rationnelle des eaux non conventionnelles.
Par ailleurs, l’expérience de partenariat dans la gestion et l’exploitation de la ferme pilote Si Miloud de Oued Tlélat (Sud d’Oran) avec un promoteur privé a été un « franc succès », selon des professionnels du secteur.
Ainsi, il a été procédé à la plantation, dans cette ferme, de 180 ha d’arbres fruitiers sur un total de 1400 ha de terres fertiles, a ajouté le président de la Chambre de l’agriculture.
Les professionnels du secteur ont mis l’accent sur l’importance de généraliser cette expérience entre les secteurs public et privé aux autres fermes pilotes.