Un collectif regroupant des femmes et des filles de Harkis a réagi concernant le rapport de l’historien français Benjamin Stora sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », jugeant que les Harkis ont été évoqués « d’une façon tendancieuse accompagnée d’omissions significatives ».
Le rapport de l’historien français Benjamin Stora sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », remis le 20 janvier passé au Président Emmanuel Macron, continue de susciter beaucoup de critiques en Algérie comme en France.
Dans une tribune publiée dans le journal français Le Figaro, mercredi passé, un collectif regroupant une cinquantaine de femmes et de filles de Harkis a réagi à propos de ce rapport, qui, dans l’une de ses recommandations, a évoqué la question des Harkis. « Nous ne pouvons nous taire après avoir lu le rapport de l’historien Benjamin Stora », ont dénoncé les signataires de cette tribune.
Pour ce collectif, le rapport Stora « obéit à des considérations politiques et non historiques, au préjudice de la vérité sur les Harkis ». Tout en affirmant que certains points du rapport méritent d’être salués, le collectif des femmes et des filles de Harkis a estimé que les « Harkis ont été réduits à la portion congrue », et ont été évoqués « d’une façon tendancieuse accompagnée d’omissions significatives ».
Ces femmes, qui se disent « scandalisées » par ce rapport, ont mentionné, à titre d’exemple, un passage du rapport de Benjamin Stora où il a évoqué les « représailles cruelles contre les Harkis en Algérie à la fin de la guerre », et ont jugé que l’emploi du terme « représailles » n’est pas neutre.
En effet, pour elles, l’utilisation de ce terme « valide la thèse avancée par le pouvoir algérien et les historiens qui lui sont inféodés », rajoutant que « si des harkis ont été massacrés, c’est parce qu’eux-mêmes s’étaient livrés à des exactions ».
Les femmes et filles de Harkis s’opposent à l’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi pour avoir soutenu le FLN
Le même collectif s’est attardé sur une autre recommandation émise par Benjamin Stora dans son rapport, relative à « l’entrée au Panthéon de l’avocate Gisèle Halimi, grande figure féminine d’opposition à la guerre d’Algérie ». En effet, dans leur tribune, les femmes et filles de Harkis se sont opposées à cette préconisation sous prétexte que Gisèle Halimi s’était mobilisée « en faveur des militants indépendantistes algériens ».
« Nous nous élevons de manière unanime, forte et déterminée, contre la proposition émise par (l’historien) Benjamin Stora de l’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi », ont-elles écrit.
Il convient de rappeler que Gisèle Halimi a été l’une des principales avocates des militants du Front de Libération Nationale (FLN). Durant la guerre de libération nationale, elle n’avait pas hésité à dénoncer l’usage de la torture par les militaires et policiers français en Algérie et s’était mobilisée au près des femmes et des jeunes filles détenues. La regrettée avocate s’est éteinte le 28 juillet 2020.