Alors que les décisions de fermeture tombent injustement sur ces établissements, des dizaines de demandes sont actuellement en souffrance au niveau des wilayas.
Depuis que les pouvoirs publics ont décidé de passer aux fermetures des débits de boissons alcoolisées et autres bars, les propriétaires de ces lieux n’ont jamais cessé de subir de grandes pressions. Alors que plus de 2 000 commerces ont été fermés de 2005 à 2008 en Algérie, un fait gravissime dénoncé par les patrons et des producteurs de boissons, voilà que la capitale continue de se vider de ses débits et de ses bistrots. Pour un retard de 20 minutes, un propriétaire de débit s’est vu signifier la fermeture pure et simple de 6 mois ! Aberrant. À Aïn Taya, il ne reste que deux bars et débits sur les dix existants alors qu’à Rouiba, un seul lieu continue de servir l’alcool.
À Tamenfoust (ex-la Pérouse), un seul restaurant est autorisé à fonctionner conformément aux cahiers des charges pendant que les autres commerces ont carrément abdiqué au diktat de décisions d’une administration partisane. Dans des hôtels, seul le côté restauration est autorisé à servir de l’alcool arguant que la loi interdit les bars à l’intérieur. C’est le cas de l’établissement Régina où le bar a fermé boutique.
Une discrimination qui ne dit pas son nom entre les établissements privés et publics puisque les bars publics continuent de fonctionner sans être inquiétés. Tout récemment, un restaurant qui voulait ouvrir dans le Grand-Alger s’est vu refuser l’octroi d’une décision de servir l’alcool.
La raison : une pétition signée par un pseudo comité de quartier qui dénonce la débauche. Foutaise ! Un bar situé au cœur de l’Algérois a vu son activité ralentie à cause de menaces des voisins. Ces derniers, munis d’un bidon d’essence à la sortie de la prière de vendredi, allaient carrément brûler les lieux. D’autres cercles, qui n’ont jamais pourtant porté atteinte à la tranquillité publique, ont baissé rideau à cause des énièmes pétitions de citoyens qui se proclament défenseurs de la morale. C’est le cas d’un bistrot situé sur le boulevard Mohammed-V et deux autres marchands de vins à Dély-Ibrahim et Ben Aknoun. Idem à Bou-Ismaïl et les alentours où l’alcool est prohibé. C’est que la chose a dépassé les limites de l’intolérance pour révéler un aspect gravissime : l’hypocrisie.
Souvent, les meneurs sont des repris de justice ou des alcooliques réchappés qui tentent de se refaire une virginité. Ce qui s’est passé le week-end dernier à El-Djamila (ex-La Madrague) nous renseigne un peu plus sur cet état d’esprit des personnes qui mènent la barque pour fermer les dépositaires et les magasins de vins et liqueurs. La récupération islamiste bat son plein au moment où l’Algérie participe aux forums internationaux sur le tourisme pour développer une image aux standards attendus. “Ces fermetures provoqueront une évasion fiscale extraordinaire en plus de la perte d’emplois. Tout le monde va s’y mettre et la clandestinité prendra le dessus. Car l’Algérie est productrice de vins et de bières. Avec cette prohibition, la
marchandise frelatée prendra le relais
au détriment de la santé publique et
de l’économie nationale”, nous explique-t-on.
Les ministres en charge des secteurs du Commerce et du Tourisme, mais aussi l’Intérieur, devront revoir leur copie avant que l’Algérie ne sombre encore une fois dans l’extrémisme.
Selon des témoignages recueillis çà et là, ce sont des dizaines de demandes qui sont actuellement en souffrance au niveau des wilayas, que ce soit dans le cadre de la régularisation ou d’ouverture d’un nouveau commerce. C’est que ces mêmes wilayas n’opposent jamais un quelconque refus pour les dossiers déposés. Elles ne répondent pas tout simplement aux demandes et aux doléances des restaurateurs.