Les figues et les figues de barbarie à 400 da: Des fruits « exotiques » bien de chez-nous

Les figues et les figues de barbarie à 400 da: Des fruits « exotiques » bien de chez-nous

Par 

La banane qui a pourtant traversé les océans pour parvenir dans notre pays est cédée entre 300 et 350 dinars.

La saison des figues et des figues de Barbarie arrive et avec elle ces fruits très succulents. La figue dans toutes ses variétés et la figue de Barbarie trop présentes dans le décor local font partie intégrante de la personnalité et de la culture locale. Toutes les familles possèdent au moins un figuier devant la maison et un petit talus couvert de figues de Barbarie. En ces mois estivaux, ces deux fruits s’intègrent harmonieusement au décor des montagnes et surtout à l’image des villages.

Mais d’une part, et contrairement à un temps pas si lointain, ce fruit est aujourd’hui vendu sur les routes dans des conditions d’hygiène lamentables. Selon les vieux, nos ancêtres ne lavaient pas les figues avant de les manger. Ces fruits autant fragiles que succulents perdaient beaucoup de leur saveur une fois lavés. Il suffisait juste d’enlever le bout et parfois jeter un peu d’eau dessus sans toucher de la main. Ce qui n’est plus possible aujourd’hui au vu des conditions dans lesquelles, les figues sont vendues. Une virée sur la RN12 reliant Tizi Ouzou à Alger suffit largement pour se faire une idée du désastre. Exposées aux abords des routes, ces fruits reçoivent toute la poussière soulevée par le passage à grande vitesse des voitures. Ceci en plus de la chaleur dans laquelle elles sont laissées durant toute la journée.

A cette vue, beaucoup de personnes, cédant à la nostalgie, s’arrêtent pour acheter un kilo ou un panier. Les connaisseurs se désolent de ces conditions car ils savent que les figues ne seront jamais bonnes à consommer. Ce fruit très sensible et fragile est pénétré jusqu’au noyau par la poussière de l’autoroute. Pour le consommer, il faut le laver fortement. Mais une fois lavée, la figue se dilue et perd sa saveur. C’est donc, impossible de retrouver le goût de la figue de Kabylie dans ces conditions.

D’autre part, en plus des conditions d’hygiène lamentable, ces fruits sont vendus à des prix trop élevés. Une tournée dans le marché fait ressortir que la figue et les figues de Barbarie coûtent plus cher que la banane. Alors que ce fruit exotique qui a traversé les océans pour parvenir dans notre pays est vendu à 250 dinars, la figue de chez nous s’élève à 300 ou 400 dinars. Beaucoup s’étonnent de la logique commerciale qui a prévalu dans le processus de détermination du prix de ce fruit.

Une interrogation qui en alimente d’autres en relation directe avec la gestion de ce créneau à tous les niveaux.

La figue et la figue de Barbarie sont des fruits du terroir qui méritent la plus grande attention et la plus grande considération. Leur culture et leur vente doivent répondre à des critères à même de faire vivre les producteurs. Ce qui ne semble point être le cas aujourd’hui au vu de la méthode anarchique de leur vente. Ces fruits ne parviennent pas encore à intégrer les circuits commerciaux légaux.

D’ailleurs, beaucoup de producteurs réclament aujourd’hui en urgence un marché pour écouler leurs productions.

L’existence de ce marché spécialisé des produits du terroir sera d’un apport considérable dans l’organisation de toute la chaîne allant de la production dans les vergers jusqu’au consommateur.

Enfin, en attendant l’arrivée de ces marchés, le producteur, lui, souffre. Les vendeurs sont conscients des conditions lamentables, mais ils ne peuvent rien faire. L’absence de marchés les contraint à aller exposer sur les routes. C’est l’unique canal pour se faire de l’argent. Un jeune vendeur nous a d’ailleurs montré des documents sur Internet pour nous prouver que ce n’est pas lui l’ignorant. Il sait bien comment est organisée la filière au Maroc et en Tunisie et il sait très bien où se situe l’incapacité.