Les habitants de Tizellayine tirent la sonnette d’alarme

Les habitants de Tizellayine tirent la sonnette d’alarme

Le détournement du foncier touristique dans la wilaya a pris des proportions alarmantes, à la faveur du laxisme et de l’indifférence coupables des autorités compétentes.

C’est un véritable cri d’indignation que viennent de lancer les habitants de Tizellayine, une localité située à une dizaine de kilomètres de la ville et à un jet de pierre du majestueux mont du Hoggar, l’un des sites touristiques les plus prisés à Tamanrasset. C’est ce que nous avons constaté de visu lors de notre déplacement en compagnie d’un représentant de cette mechta, Boubakeur Ibba. Selon ce dernier, la mafia du foncier a fait main basse sur plusieurs lopins de terre, sans pour autant inquiéter les services concernés. “On ne s’intéresse ni aux intérêts de l’État ni encore au tourisme. La mafia du foncier œuvre en toute quiétude et n’a reçu aucune menace ni répression de la part des services compétents, bien que nous ayons informé les parties concernées de l’ampleur de ce phénomène, lequel altère gravement le cachet touristique de la région qui est réputée pour la splendeur de ses sites et l’attractivité de ses produits touristiques”, peste notre interlocuteur, en tenant à préciser que les indus occupants des parcelles de terre ne se soucient que de leurs intérêts personnels. Preuve en est, les terres détournées sont situées aux bords des routes menant vers les sites touristiques formant la boucle de l’Assekrem et ne conviennent aucunement à l’agriculture. Même l’eau n’y existe pas. Ce qui montre clairement “les intentions de ces personnes qui ont malheureusement profité de la complicité de certains responsables véreux pour envahir la zone d’expansion touristique”, regrette le représentant de Tizellayine. En effet, le constat est plus qu’atterrant. C’est une véritable agression environnementale. Du bord de la route menant vers le mont d’Ighahen, communément connu sous le nom de Jabal Hoggar, à la vallée de Segga et les périmètres environnants, des monticules de gravats et de décombres sont amoncelés. Les plus nantis se sont arrogé le droit de louer de gros engins pour clôturer illicitement des terrains où ils comptent ériger des constructions en béton et en parpaing, quitte à défigurer le panorama qu’offrent ces endroits désertiques. En plus des déchets jetés à tout va, le site est également livré aux enginistes sans foi ni loi qui extraient le sable d’une manière effrénée et ravageuse, notamment à Ihassen et Tahabort, non loin d’In Chebbi. “Le nombre de ces bandes mafieuses augmente d’année en année, malgré nos doléances multiples et les missives adressées à l’APC de Tamanrasset et à l’office national du parc culturel de l’Ahaggar”, maugrée-t-on. Certains endroits sont devenus des trous béants du fait de l’extraction illicite et irréfléchie du sable. Certains sites sont même menacés d’érosion et de glissements de terrain à cause de ce phénomène qui s’est soldé par la création de profondes fosses où l’on aperçoit des engins atteindre les racines des arbres séculaires, dont l’acacia. “Nous interpellons plus que jamais le wali de Tamanrasset pour qu’il intervienne et mette un terme à cette mafia qui ne dit pas son nom”, a conclu notre interlocuteur.

RABAH KARÈCHE