Les infectiologues alertent le ministère de la santé – Antibiotiques : appel à l’interdiction de la vente libre

Les infectiologues alertent le ministère de la santé –  Antibiotiques : appel à l’interdiction de la vente libre

Cette situation catastrophique qui nous guette, en termes de thérapie, est une résultante logique et directe de la prescription abusive de ce type de médicaments et de l’automédication qui a pris de l’ampleur ces dernières années.

L’Algérie est classée cinquième consommateur de médicaments antibiotiques dans le monde. Ce constat accablant de l’OMS a été repris, hier, par le Pr Rabah Aït Hammouda, infectiologue exerçant au CHU de Batna, pour tirer la sonnette d’alarme sur les dangers qui guettent les Algériens en raison de l’utilisation excessive et anarchique de ces substances médicamenteuses qui ont, par définition, la propriété de détruire les bactéries. “Nous sommes de mauvais utilisateurs d’antibiotiques, nous avons même trop abusé dans la prescription de ces médicaments. Je sais bien que cela est un phénomène mondial, mais on doit agir pour revenir aux bonnes pratiques. C’est urgent”, lancera l’infectiologue de Batna à l’occasion de la troisième et dernière journée du congrès consacré aux maladies infectieuses, organisé par la Société algérienne d’infectiologie à l’hôtel El-Aurassi. Cet appel du spécialiste est lancé aussi bien en direction des prescripteurs de médicaments (médecins et vétérinaires) qu’en direction des malades. “Si l’on persiste sur ce rythme de consommation de ce types de substances médicamenteuses, on risque de ne plus en trouver pour soigner une infection mineure.

Les bactéries deviendront insensibles au traitement”, alertera le Pr Aït Hammouda qui rappellera que “la multirésistance des bactéries fera des dégâts plus que les dommages causés par le virus H1N1  de la grippe en 2009 qui avait fait beaucoup de morts.” La prescription abusive de molécules ayant la propriété de tuer les bactéries fait craindre aux spécialistes présents, hier au congrès, de se retrouver devant une impasse thérapeutique. Des mesures politiques et techniques doivent être, dit-on, prises dans les meilleurs délais avant que ne survienne une catastrophe. Le Dr Zmit Fatma-Zohra de l’hôpital El-Kettar soutiendra, pour sa part, que cette situation catastrophique qui nous guette, en termes de thérapie, est une résultante logique et directe de la prescription abusive de ce type de médicaments et de l’automédication qui a pris de l’ampleur ces dernières années. “L’exagération dans la prise de cette classe de médicaments entraînera inévitablement des résistances.

La moindre infection ne sera plus sensible à l’antibiotique”, dénoncera sans ambages la spécialiste qui ajoutera que “les participants au congrès de la SIA lancent un appel en direction de nos confrères médecins pour commencer à rationnaliser la prescription d’antibiotiques. La moindre fièvre ne sera pas systématiquement d’origine bactérienne, donc traitée par un antibiotique. L’infection pourrait être d’origine virale ou causée par des parasites ou encore par des champignons”. Les congressistes ont insisté, enfin, sur l’urgence de revenir aux bonnes pratiques de base dans la prise en charge des infections. Les praticiens devront, dit-on, au préalable, réunir des preuves cliniques et même parfois des preuves microbiologiques pour décider du type de traitement à prescrire. Les participants n’ont pas manqué d’interpeller les pouvoirs publics pour interdire la vente libre des antibiotiques et déclarer la guerre à l’automédication.

Hanafi H.