Les ingérences étrangères bloquent toute solution en Libye (diplomate)

Les ingérences étrangères bloquent toute solution en Libye (diplomate)

PARIS- Les ingérences étrangères compliquent la situation en Libye et bloquent toute solution de paix dans ce pays en proie d’une crise depuis la chute de l’ancien régime de Kadhafi, a affirmé Patrick Haimzadeh, ancien diplomate français à Tripoli (2001-2004).

« Les ingérences étrangères directes ou indirectes, bien que d’une ampleur inférieure à celles à l’œuvre en Syrie et au Yémen, sont la raison essentielle des blocages actuels. Khalifa Haftar peut se prévaloir du soutien de l’Egypte, des Emirats arabes unis et dans une moindre mesure de l’Arabie saoudite. Les deux premiers interviennent directement dans le conflit par des bombardements ou des livraisons d’armes à son profit », a expliqué ce diplomate, auteur de l’ouvrage « Au c£ur de la Libye de Kadhafi (2011) », dans une analyse publiée par le site Orient XXI.

Pour lui, « la France, sous couvert de lutte contre le terrorisme, a également longtemps soutenu le maréchal », affirmant que « ces soutiens de poids, en le confortant dans sa volonté de poursuivre la guerre pour atteindre ses objectifs politiques, n’aident pas à la recherche des compromis indispensables à un règlement politique de la crise ».

Pour cet ancien diplomate, « nul ne peut aujourd’hui prévoir l’issue de cette crise ni même une échéance pour une stabilisation du pays », malgré efforts des Nations unies.

« Dans un contexte où le pragmatisme des acteurs locaux prévaut sur l’idéologie, les retournements d’alliance et d’allégeance sont monnaie courante. Le niveau de violence est néanmoins relativement contrôlé du fait d’un tissu social qui a survécu tant aux années Kadhafi qu’à la chute du régime et aux six ans qui ont suivi », a-t-il expliqué, relevant qu’ »au nombre des facteurs d’espoir, il y a eu, malgré tout, la préservation des institutions souveraines qui ont permis de maintenir des services publics minimaux. »

Dans une autre analyse publiée, il y a quelques jours, Patrick Haimzadeh, a rappelé qu’au terme d’une guerre civile de huit mois (2011) et d’une intervention militaire directe d’une coalition internationale dirigée par l’OTAN, le régime du colonel Kadhafi s’écroule.

« Les images du lynchage de cet homme qui avait pensé incarner son pays et son peuple pendant 42 ans font le tour du monde. Les dirigeants et les grands médias occidentaux se félicitent de ce qui est présenté comme une guerre juste et une victoire de la démocratie contre la dictature. Six ans après, la Libye n’intéresse plus guère ces mêmes médias qui n’y voient le plus souvent qu’un chaos indescriptible », a-t-il fait constater.

Pourtant, a-t-il poursuivi, malgré les apparences « d’omnipotence » de Kadhafi et de solidité du régime, ce système était en « permanence dans un état d’équilibre » que le défunt avait maintenu par « sa parfaite connaissance des identités tribales ».