Les islamistes revendiquent son application et les démocrates militent pour son abolition: La classe politique sur des positions inconciliables

Les islamistes revendiquent son application et les démocrates militent pour son abolition: La classe politique sur des positions inconciliables

La position par rapport à la question est intimement dictée par l’obédience. Chez certains partis, c’est le dogme qui détermine l’attitude. Les démocrates, eux, s’inspirent des valeurs comme les droits de l’Homme et la modernité.

Au lendemain de la mort dans des conditions non élucidées de la petite Nihal Si Mohand, retrouvée morte après 15 jours de disparition, le débat sur la peine de mort est, une fois de plus, remis au goût du jour. Si l’Algérie a décrété le moratoire sur la peine capitale depuis 1993, la question scinde toujours la classe politique en deux camps diamétralement opposés. Il y a, d’une part, les partis de la mouvance islamiste, partisans de la loi du talion et qui revendiquent donc l’application de la peine capitale, comme stipulé dans la charia et, de l’autre, les partis nationalistes et démocrates plutôt favorables, eux, à son abolition. Parmi ces derniers, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Le parti de Mohcine Belabbas estime, à ce titre, qu’il est “regrettable d’être face à un État qui utilise le crime comme moyen de faire justice, dans un pays comme l’Algérie où la justice indépendante est absente et souvent instrumentalisée”. Contacté hier, le secrétaire national chargé de la communication, Athmane Mazouz, juge, ainsi, que “même si la détresse et la douleur de ceux qui sont victimes d’actes odieux est tout à fait compréhensible, l’État doit chercher les moyens adéquats de rendre justice sans atteinte à l’inviolable droit à la vie”, en regrettant que “ces derniers jours,  beaucoup sont tombés devant la tentation de vengeance alors que la question relève fondamentalement de l’humanitaire”. Pour M. Mazouz, “ces actes criminels doivent trouver leur solution dans la prévention, l’anticipation et l’organisation des services que nous jugeons défaillants, mais aussi dans l’investissement dans l’éducation, l’équité et le respect des droits de l’Homme”.

Le représentant du RCD rappelle, à juste titre, que son parti a été l’un des rares partis qui militent pour les droits de l’Homme et “à joindre l’acte à la parole” pour faire de l’abolition de la peine de mort l’une de ses revendications phares depuis plusieurs années. Le RCD ne revendique pas moins l’ouverture d’un débat sur cette sentence qui est en contradiction avec le principe du droit à la vie. Une revendication partagée par Karim Tabbou, fondateur du parti non encore agréé, l’Union démocratique et sociale (UDS), qui lance un appel  pour dépasser ce “faux clivage entre islamistes et non-islamistes”. Pour l’ancien transfuge du FFS, un débat profond s’impose plus que jamais sur la question de la peine de mort. Il se dit, ainsi, “foncièrement opposé à la gestion émotionnelle de cette question qui concerne la sécurité des Algériens”. D’où son appel lancé aux autorités pour qu’elles prennent toutes les dispositions qui s’imposent pour faire face aux nombreux phénomènes qui rongent la société et le pays en général. Du côté de la mouvance islamique, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le parti El-Adala d’Abdallah Djaballah, eux, jugent, sans surprise, que l’application de la peine capitale serait la solution idoine pour sévir contre les criminels. Également contactés par téléphone hier, le président du MSP, Abderrezak Makri, et le président du groupe parlementaire du parti El-Adala, Lakhdar Benkhelaf, jugent, en effet, qu’au crime absolu, il faut répondre par le châtiment absolu. M. Benkhelaf a rappelé, à juste titre, que son parti était, néanmoins, le seul parmi les partis islamistes à avoir voté, lors du débat à l’APN, l’amendement du code pénal en 2013, pour l’abolition du moratoire qu’observe l’Algérie depuis 1993, non sans avoir introduit un amendement dans lequel il revendique l’application de la peine capitale. Pour rappel, les partis du pouvoir, notamment le FLN et le RND, avaient, à cette occasion, voté pour le maintien du moratoire.