Les plus grands leaders actuels de la Silicon Valley sont des Américains d’origine algérienne. Cette information qui peut surprendre a été annoncée, ce jeudi, par Smail Chikhoun, président du Conseil d’affaires algéro-américain, « invité du direct » de la webradio Radio M.
Au sein du fameux pôle américain des industries de pointe, ces Algéro-américains ont supplanté leurs homologues indiens et chinois qui constituaient l’ex-élite de la Silicon Valley. La plupart de ces derniers, assure Smail Chikhoun, ont rejoint des centres de recherche dans leurs pays respectifs, leurs gouvernements leur ayant proposé les mêmes salaires californiens.
« Il y a quelque temps, il y avait une prédominance d’Hindous et de Chinois, mais leurs gouvernements ont très bien réagi en intéressant les employés qui avaient des positions assez importantes au niveau des grandes entreprises (Google, Facebook, Intel, etc). Ils ont pris ces leaders là pour créer leur propre Silicon Valley […] et leur ont offert le même salaire », a déclaré Smail Chikhoun.
Un grande partie de ces chercheurs sont partis et les Algériens les ont remplacés. « Ils sont un peu devenus les leaders maintenant, ils sont devenus la référence par rapport à d’autres », a-t-il ajouté.
Pourquoi l’Algérie n’imite-t-elle pas alors la Chine et l’Inde? M. Chikhoun explique: « C’est toujours très difficile d’engager un programme [avec] la diaspora et de les faire s’intéresser à l’Algérie, à partir du moment où l’Algérie ne comprend pas encore que ces gens là ont un savoir-faire, une technologie, et que tout ça a un prix ».
Booster la production (mais sans OGM!)
Smail Chikhoun est également revenu sur les protocoles d’accord signés dimanche dernier entre des entreprises agricoles américaines et algériennes. Il s’agit de six mémorandums, dont cinq signés par des acteurs privés algériens, portant sur les domaines de la semence de pomme de terre, les céréales, la production laitière et l’élevage de bovins.
Un des accords consiste à établir des fermes-pilotes qui seront exploitées, avec la partie américaine, par la société étatique Proda.
En matière de production de pommes de terre, cette coopération permettra aux acteurs algériens d’être productifs. Selon l’orateur, 80% des agriculteurs du pays utilisent la même variété de semence datant de 1967 et dont le rendement est faible (de 35 à 40 tonnes par hectare), alors qu’il existe des variétés américaines dont le rendement oscille entre 100 et 120 tonnes par hectare.
« Il est temps que les agriculteurs puissent utiliser des variétés à fort rendement », a-t-il lancé.
Booster la production algérienne et réduire les importations est une belle perspective, surtout dans un contexte de pétrole à prix bas, mais quant est-il des inquiétudes au sujet des OGM? Les variétés de pomme de terre provenant des Etats Unis seraient-elles génétiquement modifiées? M. Chikhoun est catégorique.
« Non, ça n’a absolument rien à voir avec les OGM, du tout! [Il s’agit] de la création de nouvelles variétés », a-t-il affirmé.
Optimiste
Malgré des délais pouvant aller jusqu’à deux ans, imposés par un procédé d’homologation gouvernemental pour permettre l’entrée en Algérie des vaches et des semences américaines, M. Chikhoun est optimiste concernant ces accords.
« Le temps de mettre en place la structure avec tout le business plan (ça prendra 3-4 mois), on espère voir cet accord entre les deux gouvernements signé. Cela permettra de ramener des vaches laitières et de l’insémination, parce qu’il s’agit aussi de faire de la reproduction animale in-vitro. [En signant les mémorandums], on a voulu gagner du temps », a-t-il expliqué.
En dépit du manque d’attractivité du pays en matière d’investissement étranger (un problème qu’une meilleure communication peut régler selon M. Chikhoun), le choix de l’Algérie comme partenaire n’est pas fortuit selon le président du Conseil d’affaires algéro-américain.
La crise économique des six dernières années a obligé les entreprises américaines à aller chercher du business en dehors des Etats Unis, y compris les agriculteurs. Les plus visionnaires d’entres eux essayent d’investir au niveau international.
« Quand on se redéploie au niveau mondial, on essaye de voir des pays où il y a une stabilité politique. C’est le premier critère. Il y va de la sécurité des gens à voyager, à visiter le pays. Le deuxième critère c’est [de savoir] si c’est un pays en voie de développement avec une aisance financière », a-t-il indiqué avant d’énumérer d’autres conditions: la ressource humaine, le potentiel du marché, les consommateurs.
Un tableau que remplit parfaitement l’Algérie.