Contacté à ce sujet, le président du comité national des commerçants de viandes rouges, Ramram Mohamed Tahar, affirme que cette situation peut engendrer un déficit en viande rouge de près de 70% durant tout le mois de ramadhan où la demande sur ce produit dépasse toutes les prévisions. Notre interlocuteur pointe du doigt les services du ministère du commerce qui traînent pour renouveler les licences d’importation aux opérateurs du secteur. Selon lui, il y a une volonté d’interdire les importations de viande. «D’habitude, ils nous délivrent les autorisations trois à quatre mois avant le mois de ramadhan, alors que cette année, nous sommes à la veille du mois sacré et rien n’a été fait», a-t-il affirmé. Commentant les déclarations du ministre de l’agriculture, Abdeslam Chelghoum, qui avait assuré que l’importation de viande brésilienne n’est pas interdite, M. Ramram a fait savoir que ce sont uniquement des paroles. «Les importateurs algériens de viande ont pris attache avec les opérateurs brésiliens, mais ces derniers ne veulent pas exporter sans qu’une autorisation écrite ne leur soit délivrée de la part des autorités algériennes», a-t-il confié. Pour rappel, le Brésil a été secoué par un scandale de viande avariée. Des douzaines de collaborateurs des autorités sanitaires brésiliennes auraient été corrompus pour certifier que cette viande était propre à la consommation. Au moins trente personnes ont déjà été arrêtées et plusieurs usines de transformation fermées. Cette affaire a fortement fragilisé l’économie brésilienne qui repose de manière considérable sur ses exportations de viandes rouges et blanches dans 150 pays. Le Brésil a vu la liste de ses clients fortement réduite. Selon M.Ramram, le blocage des importations ne concerne pas uniquement le Brésil, mais plusieurs autres pays d’où l’Algérie a l’habitude d’importer. Les quantités de viande importées depuis quelque temps sont sur le point d’être épuisées et la tutelle n’a toujours pas délivré de licences d’importation, ce qui peut causer une hausse sensible des prix de la viande rouge, puisque la demande va largement dépasser l’offre durant le mois de ramadhan, surtout que la production nationale de viande rouge fraîche ne couvre pas les besoins locaux.
La situation risque d’empirer. Selon les déclarations du ministre du commerce par intérim, Abdelmajid Tebboune, les autorités veulent arrêter l’importation de viande rouge congelée. Dans une récente déclaration, le ministre a indiqué que «les marchés de viande congelée ont enregistré pendant plusieurs années des dépassements graves et préjudiciables au citoyen, notamment en présentant la viande congelée comme fraîche». L’Algérie importe chaque année l’équivalent de 30 000 tonnes de viandes. Il s’agit essentiellement de viandes rouges dont la production nationale ne couvre que 70% des besoins. Les principaux fournisseurs sont notamment le Brésil, l’Argentine et l’Italie. Depuis plusieurs années, l’Algérie n’importe plus les viandes blanches et les œufs, la production nationale étant largement suffisante dans ces filières.