Avec son empreinte de la plume, Ahsène Taleb visitera, pour la seconde fois et à titre posthume, les librairies le mois de mars prochain. En effet, après Ayt Abdelmoumen, Repères historiques, paru en 2016 aux éditions Achab, le même établissement mettra, dès le mois prochain, le second ouvrage d’Ahsène Taleb intitulé Les locutions verbales kabyles. Un volume de 310 pages qui porte sur une étude linguistique et corpus et qui sera distribué par L’Odyssée, Amal et Tira. Cet ouvrage, parrainé par la même édition (Achab), permettra à la population kabyle de se retrouver dans sa locution verbale avec le caractère des syntagmes lexicalisés ou figés dont le sens touchera au verbe dans la langue kabyle.
Il s’agit d’un “arôme” pour la richesse du patrimoine culturel kabyle ainsi que ses traditions artistiques et intellectuelles qui permettra un épanouissement certain de cette langue dans l’esprit de compréhension aussi bien régional que mondial, voire une étroite communication avec d’autres cultures. Né le 18 janvier 1955 à Ath Abdelmoumène, Ahsène Taleb quittera son village en 1972 pour le lycée Amirouche de Tizi Ouzou puis le Lycée Technique d’État de Dellys où il fut, en 1975, lauréat émérite du baccalauréat session 1975 avant de bénéficier d’une bourse d’études qui le mènera à l’École Polytechnique de Montréal où il obtient son diplôme d’ingénieur en Mécanique en 1980.
Durant la même période, il a adhéré à la création de la première Association socio-culturelle berbère du Canada, à Montréal. De retour au pays, il sera enseignant en sciences physiques en 1983 à l’université Mouloud-Maâmeri de Tizi Ouzou où il contribuait à toutes les activités du mouvement culturel berbère, dont la revue Thafsuth, éditée durant l’ère “dictatoriale”, dont plusieurs numéros ont été tirés clandestinement chez lui, à Ayt Abdelmoumen.
Auteur d’un lexique français-berbère de technologie et participant au projet du Dictionnaire général informatisé de la langue berbère, principal organisateur du 2e séminaire du MCB en 1989, Ahsène était un patriote éclairé de la liberté d’expression et du combat identitaire. Depuis 1996, son destin l’a conduit en France où il avait côtoyé la carrière d’enseignant en sciences physiques en s’inscrivant, en parallèle, en 3e cycle de linguistique berbère à l’Inalco de Paris, optant ainsi pour les locutions kabyles. Il était un intellectuel engagé dans les combats de son temps avant de rendre l’âme l’année dernière, à l’âge de 60 ans, à l’hôpital Casanova de Saint-Denis en France, suite à une maladie qu’il traînait depuis trois ans.