Les manifestants bloquent des routes et des dépôts de carburant: Quelle sortie pour Emmanuel Macron?

Les manifestants bloquent des routes et des dépôts de carburant: Quelle sortie pour Emmanuel Macron?

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Mandaté par le chef de l’état, le Premier ministre Edouard Philippe a annulé son déplacement en Pologne pour la COP 24 et entamé, hier, des consultations soutenues avec les principaux partis politiques français.

Deux jours après les graves violences qui ont éclaté à Paris et partout en province lors de la nouvelle manifestation de grande ampleur des Gilets jaunes, et alors que le gouvernement français a fini par consentir une grande consultation politique commencée hier et qui se poursuivra aujourd’hui, la France retient son souffle dans la crainte manifeste d’une nouvelle flambée samedi prochain, le mouvement contestataire ayant annoncé qu’il ne compte pas céder le moindre répit. C’est ainsi que les actions de blocage des routes et de manifestations sporadiques se poursuivaient hier, en province. Plusieurs dépôts de carburant étaient ainsi verrouillés dans l’ouest du pays tandis qu’une cinquantaine de Gilets jaunes bloquaient hier matin l’important dépôt du site pétrolier de Fos-sur-Mer, dans la région sud. D’autres mouvements syndicaux et étudiants étaient observés, dont certains se voulaient en soutien du mouvement des Gilets jaunes.

Hier encore, c’était au tour de la justice d’entrer en action avec la comparution de nombreux manifestants arrêtés samedi dernier, sachant que les forces de l’ordre avaient interpellé 378 personnes, rien qu’à Paris. Les audiences se sont déroulées en comparution immédiate car, selon la ministre de la Justice, il fallait «faire preuve de fermeté». Les prévenus comparaissaient sous le chef d’inculpation d «actes de violence sur personne dépositaire de l’autorité publique», «dégradations sur des biens destinés à l’utilité publique», «regroupements en vue de commettre des violences», ou encore «port d’armes», délits passibles de trois à sept ans d’emprisonnement.

Mandaté par le chef de l’état, le Premier ministre Edouard Philippe a annulé son déplacement en Pologne pour la COP 24 et entamé, hier, des consultations soutenues avec les principaux partis politiques français. L’ objectif est de réussir un consensus sur un certain nombre de décisions nécessaires et suffisantes pour désamorcer la crise, tandis qu’un rendez-vous crucial est fortement attendu avec des représentants des Gilets jaunes, en passe de s’organiser en ce sens. Il est significatif que le président Emmanuel Macron reste confiné dans un silence profond, après une visite à l’Arc de Triomphe où il a pu constater les dégâts des échauffourées de samedi dernier. Il a confié au Premier ministre le soin de conduire la manoeuvre susceptible de permettre une sortie de crise, la plus grave depuis son élection.

Se sont rendus à Matignon: Nicolas Dupont-Aignan (DLF, droite), Olivier Faure (Parti socialiste, gauche), Benoît Hamon (Générations, gauche), Jean-Christophe Lagarde (UDI, centre), Marine Le Pen (RN, extrême droite), Florian Philippot (Patriotes, extrême droite) ou encore Laurent Wauquiez (LR, droite). Il est à noter que le Modem de François Bayrou, membre de la majorité présidentielle, a pris quelque distance vis-à-vis de la démarche de l’exécutif, mais sa vice-présidente, Marielle de Sarnez a rencontré Edouard Philippe. Celui-ci trouvera-t-il les réponses nécessaires pour apaiser les Gilets jaunes, deux semaines après avoir répété sans cesse que le «cap sera maintenu»? Difficile à envisager, à un moment où la France est submergée par une véritable marée contestataire dont les revendications se sont multipliées. Quant à croire que le mouvement serait diabolisé au lendemain des violences à Paris, perdant ainsi le soutien massif de la majorité des Français, c’est un pari aussi osé que risqué!