Connu pour la richesse de son sol, Baldet Omar, situé dans le nord de la wilaya de Ouargla (600 km d’Alger), abrite de nombreuses carrières et mines, dont des mines d’argile.
Alors que des sociétés privées extraient cette argile pour la fabrication des briques grâce à des licences d’exploitation, les associations écologistes et les autorités locales tirent la sonnette d’alarme.
L’exploitation de ces mines est en infraction avec la loi qui exige de remettre le sol en l’état après extraction de l’argile, selon ces associations. Résultat de la non-application de cette clause, des cratères se sont formés et font désormais office de dépotoirs.
Ces trous, dont la profondeur atteint parfois 30 mètres, ont même entraîné la montée des eaux souterraines et la formation d’un grand lac, à l’été 2014. Ignorant les dangers liés à ces eaux stagnantes, véritable catastrophe écologique, les habitants s’y sont baignés, obligeant les autorités locales à décréter l’état d’urgence et à combler le lac au bout de deux semaines. Cet incident est, selon les associations écologistes, une preuve supplémentaire de la désinvolture de ces sociétés d’exploitation des mines d’argile.
Les agriculteurs dont les terres jouxtent ces mines souffrent spécialement de cette proximité, les opérations de forage les empêchant d’atteindre leurs terres et endommageant leurs récoltes. Ammi Mohamed, un de ces agriculteurs, affirme que les glissements de terrain dus à l’extraction d’argile entraînent l’écoulement des eaux sous les couches du sol de sa plantation.
Ces eaux dépassent de loin les besoins des récoltes qui finissent par pourrir.
Il réclame des autorités locales de mettre un terme aux dérives de ces entreprises, d’imposer un contrôle rigoureux sur les opérations de comblement, et d’instaurer un système d’exploitation périodique pour minimiser les dégâts dans les mines. Le P/APC de Baldet Omar affrime que l’exploration des mines n’est pas du ressort des communes.
« Les APC n’ont rien à voir avec les problèmes dans les mines, même si celles-ci se trouvent sur des terrains communaux. » Il précise que « les licences d’exploitation sont fournies par le ministère de l’Energie et des Mines et que la loi est appliquée sur toutes les mines du pays « .
Les détenteurs des licences d’exploitation estiment de leur côté que le non-comblement des mines est dû au « manque d’équipement et de main-d’œuvre dans ce pénible domaine « .
Les militants écologistes ne l’entendent pas de cette oreille, affirmant que les entrepreneurs n’ont aucun problème à trouver de la main-d’œuvre pour forer mais pas quand il s’agit de combler les fosses. M. Saleh G, représentant d’une association écologiste à Ouargla, dénonce une réalité qui dure depuis des années.
« L’exploitation des carrières et des mines à Ouargla remonte à 1989. Depuis, le forage va bon train et l’environnement ne cesse d’en pâtir « , estime-t-il en s’interrogeant sur les raisons qui poussent les exploitants à poursuivre « le massacre contre la nature « . Quant à Abdelhamid Safi, expert en géologie, il accuse les responsables des sociétés qui exploitent ces mines d’être conscients des dégâts qu’ils causent aux habitants de la région et à la nature, mais qui continuent toute de même le forage.
« Le forage sans comblement par la suite est la plus grande violation de la terre… La science moderne découvre chaque jour de nouvelles méthodes pour protéger le sol et les couches terrestres de l’érosion, et ces chefs d’entreprises viennent anéantir toute cette richesse sans la moindre considération pour le droit international ni pour la Constitution du pays « , dit-t-il. Il a souligné toutefois avoir attiré l’attention du ministère de l’Energie et des Mines sur ce désastre et qui a promis de suivre de près ce dossier.