L’armée algérienne met en garde contre les connexions entre l’immigration clandestine et la criminalité organisée. Lors d’un colloque sur les « Migrations de crises et sécurité régionale : quelles perspectives pour l’espace Euromaghrébin », le Général-major Cherif Zerad, Chef du Département Emploi-Préparation à l’état-major de l’armée nationale populaire algérienne a souligné mardi, la gravité du phénomène de ce phénomène.
« L’aggravation de ce phénomène est devenue une source d’inquiétude pour plusieurs pays à cause de la difficulté de contrôle d’immenses flux de migrants d’une part, et d’autre part, la crainte de l’exploitation de ces migrants par des terroristes et les responsables de la criminalité organisée, et qui constituent un danger pour la sécurité et la stabilité de la région » a rapporté l’Agence de presse algérienne (APS).
Le général-major a mis en exergue le rôle joué par l’armée algérienne à « travers le contrôle de nos frontières nationales et nos côtes maritimes, et par son rôle à travers le sauvetage des migrants qui ont risqué leurs vies à bord des embarcations de la mort » et a salué l’aide apporté par l’Etat algérien au pays du Sahel pour le » le développement local, la sécurité et la stabilité des citoyens ».
Selon le communiqué publié sur le site du ministère de la défense nationale (MDN), le colloque a été l’occasion de plusieurs interventions axées sur les « les défis sécuritaires de l’immigration clandestine en Algérie, à travers une approche géopolitique, l’émigration et la sécurité régionale, les mécanismes juridiques pour la lutte contre l’immigration clandestine et l’avenir de ce phénomène dans l’espace Euro-Magrébin à l’ombre des mutations régionales que connaît la région ».
Selon le communiqué du MDN, les participants ont analysé et débattu de ce « phénomène transfrontalier qui est devenu la préoccupation majeure pour les différents pays, à l’instar de l’Algérie qui fait face ces dernières années à une vague sans précédent d’immigrants clandestins, ce qui fait appel à des stratégies bien étudiées pour contenir ce phénomène ».
Dilemme des Européens face à la plateforme migratoire libyenne
Si la méditerranée centrale via la plateforme libyenne a connu une hausse, le nombre global des migrants qui ont traversé la mer pour l’Europe en 2016 a chuté des deux tiers à 364 000 personnes par rapport à 2015 avec une nette baisse des arrivées par la Grèce. Une baisse liée à la mise en œuvre d’un accord entre l’UE et la Turquie.
Comme avec la Turquie, l’Europe cherche à sous-traiter à Tripoli le contrôle en amont des flux migratoires. Le dilemme est vertigineux: comment endiguer la route migratoire de la Méditerranée centrale en traitant avec un Etat libyen qui n’existe que sur le papier?
L’agence chargée des frontières extérieures de l’Union européenne (Frontex) a souligné dans un rapport début janvier la hausse « record » du nombre de migrants arrivés d’Afrique par la Méditerranée centrale, avec 181 000 personnes en 2016, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2015.
L’agence Frontex a souligné a pression migratoire « croissante » en provenance d’Afrique, en particulier de l’Afrique de l’Ouest notamment des migrants nigérians parmi les plus nombreux. En 2016, 503 700 personnes ont été arrêtées tentant d’entrer illégalement en Europe par ses frontières externes, selon Frontex.
La Libye est la principale plateforme de migration vers l’Italie. 90 % des arrivées, des subsahariens dans leur écrasante majorité, vers l’Italie y arrivent à partir du littoral libyen.