Pour réussir sa transition agricole et atteindre son autosuffisance, l’Algérie doit recentrer tous ses efforts sur le développement de la production laitière, de la pomme de terre et des céréales. Elle doit également opérer des réformes globales dans son système de subventions et de fermage.
Depuis plusieurs années, l’Algérie tente de promouvoir son agriculture entrepreneuriale et réformer son agriculture paysanne à travers l’innovation et l’optimisation de ses systèmes d’exploitation. Le pari est fait aujourd’hui sur l’agriculture saharienne qui peut contribuer à grande échelle d’ici 2050 à couvrir les besoins alimentaires de la société et à exporter l’excédent agricole vers l’étranger.
C’est ce qu’a déduit, le professeur et chercheur au Ciheam, Omar Bessaoud dans son étude sur la sécurité alimentaire en Algérie. Cette dernière était au cœur de la rencontre-débat organisée, aujourd’hui par le forum des chefs d’entreprise (FCE), en présence de plusieurs experts et acteurs du domaine. Dans son étude Omar Bessaoud a tenté d’établir un état des lieux du secteur agricole en Algérie et son évolution depuis les années 2000 jusqu’à 2015, surtout de formuler des recommandations sur son développement.
Pour lui, le développement de l’agriculture algérienne doit se faire impérativement par la promotion de l’agriculture familiale qui nécessite une réglementation spécifique du système de fermage étant donné que l’Algérie a lancé plusieurs projets de réalisation de fermes-pilotes. Quant aux subventions, il estime que leur suppression affectera la cohésion de la société ainsi que la stabilité politique et sociale du pays. Une idée que ne partage pas ses homologues et confrères qui estiment qu’une réforme rapide des subventions s’impose. Cette question d’actualité a été débattue à maintes reprises par les experts agricoles et aujourd’hui c’est le patronat qui a appelle à leur révision pour maintenir l’équilibre entre l’investissement (financement) et la production alimentaire.
C’est dans cet ordre d’idée qu’intervient Idir Bais consultant agricole qui précise que « la sécurité alimentaire ne concerne par uniquement la production et la distribution des produits agricoles en Algérie mais toutes les activités productives », expliquant que le ciblage des subvention solutionnera beaucoup de problèmes et permettra aux entrepreneurs agricoles de relever leur défi et investir davantage dans ce secteur. Il a recommandé également la mise en place de chaînes de conditionnement efficaces pour limiter le gaspillage ainsi que les post-pertes des produits agricoles. Cette stratégie permettra d’éduquer le consommateur sur un nouveau modèle de consommation plus rationnel et plus rentable.
L’agriculture algérienne à l’épreuve du climat
Les changements climatiques grèvent le potentiel naturel de l’Algérie à relever son défi au Sud du pays. Cette région est menacée par un stress hydrique permanent et des épisodes de sécheresses presque à longueur de l’année. Malgré ces contraintes physiques le gouvernement tente de trouver des solutions et investir dans ces régions à travers la mise en place de nouveaux systèmes d’irrigation à pivot et adapter la plantation au type du climat. « Nous avons déjà relevé le défi à El Oued et Biskra où nous avons réalisé des exploitations agricoles florissantes », souligne Cherif Omari, DRDPA au ministère de la tutelle, appelant à l’occasion les irrigants à adopter des systèmes de culture extensifs dans les régions agricoles pluviales et extensifs dans les régions arides. L’objectif est de préserver au maximum les ressources en eau souterraines ainsi que les deux grandes nappes phréatiques qui risquent de disparaitre d’ici 60 ans en raison d’une utilisation irrationnelle. Ce qui encouragera l’exode rural, la déforestation et la désertification. Tous ces faits majeurs doivent être pris en considération pour assurer la sécurité alimentaire de la population algérienne qui risque de dépasser d’ici 2030 les 50 millions d’habitants.