« Les nomades algériens », l’association qui « veut faire aimer l’Algérie aux Algériens »

« Les nomades algériens », l’association qui « veut faire aimer l’Algérie aux Algériens »

L’association « Les nomades algériens » active depuis de nombreuses années depuis la ville d’Oran, à promouvoir le tourisme et le patrimoine culturel et historique local. Riche de cette expérience et avec beaucoup de détermination, cette association veut étendre ses activités à d’autres régions d’Algérie pour les faire découvrir à ses membres. Bref, il s’agit de « réapprendre » aux algériens à faire du tourisme…en Algérie. Dans cet entretien, la sémillante présidente de l’association, explique aux lecteurs de Maghreb Emergent comment elle compte y parvenir.

Une brève présentation de l’association « Les nomades algériens » ?

« Les nomades algériens » est une association culturelle à but non lucratif crée en 2009 à Oran. Elle a pour objectif de promouvoir le tourisme en Algérie, faire aimer l’Algérie aux Algériens et pousser surtout les jeunes à voyager dans leur pays, à le découvrir. En fait, nous avons créée cette association suite à un constat qui fait que nous avons un très beau pays mais qu’on ne connait malheureusement pas bien.

Vous faites de la promotion touristique. Y a-t-il un volet protection de l’environnement dans vos activités ?

Oui. L’association est divisée en trois sections : culturelle, qui s’occupe de tout ce qui est événements à caractère culturel, nous organisons aussi des cafés littéraires et des projections-débats. Il y aussi la section « Citoyenneté » qui est en rapport avec tout ce qui a trait à la protection de l’environnement. D’ailleurs, nous allons prochainement lancer un projet sur l’eco-responsabilité en direction des associations, le but étant d’adapter certaines manières de travailler chez les associations afin de protéger l’environnement.. Le terme citoyenneté n’est pas un terme étranger à notre association vu qu’il représente non seulement une valeur primordiale pour favoriser une société démocratique moderne, mais permet aussi de nous mobiliser afin de protéger notre pays, en accomplissant les devoirs d’un bon citoyen. Il s’agit aussi d’inciter les jeunes algériens à respecter l’autre en leur apprenant à être généreux et à savoir partager avec autrui les biens communs, et surtout en leur faisant prendre conscience de l’importance de la préservation et de la protection de leur environnement.

La troisième section est celle de la « Découverte ». Le principe de cette section est simple : une mini équipe au sein de l’association « Les Nomades Algériens » se charge de faire découvrir un maximum de destinations, non seulement aux autres adhérents, mais aussi à tous ceux qui évoluent autour de l’association. L’équipe en question s’aventure à travers le pays, établit des liens avec les locaux et partage leur expérience avec le reste des membres en atteignant ainsi l’objectif de l’échange et la découverte. L’intérêt d’envoyer ces « sentinelles » est de pouvoir évaluer les circuits et les sentiers praticables, de se renseigner sur les possibilités d’hébergement pour pouvoir par la suite organiser des « trips », des voyages qui souvent permettent aux jeunes de découvrir des destinations improbables, mais néanmoins époustouflantes.

Vous voulez en quelque sorte combler le vide associatif en matière de promotion touristique et de la protection de l’environnement ?

En quelque sorte oui. Au niveau d’Oran par exemple, il y a des associations qui sont très actives et font beaucoup de choses, mais il n’existe pas d’association qui promeut le tourisme. La plupart active dans la protection du patrimoine, notamment l’association SDH (Santé Sidi El Houari) qui est en train de rénover un site historique turc dans le quartier de Sidi El Houari. Il y aussi l’association Bel Horizon. Au niveau de l’association « les Nomades algériens », nous essayons de faire connaitre l’Algérie, mais surtout faire connaitre aux jeunes la valeur de ce que nous avons comme héritage, car il s’agit bien de sauvegarder l’identité algérienne. Et à ce propos, il faut dire qu’il y a une véritable crise dans ce domaine, les jeunes ne savent pas vraiment d’où l’on vient, etc. Alors, oui, quelque part il y a cette volonté de combler un vide.

Qui vous accompagne dans vos activités ? Avez-vous des bailleurs de fonds ?

Il faut dire que nous avons appris à fonctionner avec zéro dinar et certaines de nos activités ont eu lieu grâce aux dons des membres de l’association et des bénévoles. Il  y a aussi des partenaires qui, à chaque fois mettent à notre disposition des salles gratuitement. Mais sinon, nous avons aussi des bailleurs de fonds qui nous accompagnent dans nos projets comme celui intitulé « Jeunes Oranais ouverts au dialogue ». Nous avons installé un think tank, une sorte de laboratoire d’idées, où l’on a fait rencontrer des jeunes de la société civile, issus du domaine du tourisme et du patrimoine. L’idée est d’échanger nos expériences pour essayer de voir comment nous pourrions promouvoir le tourisme à Oran à travers son patrimoine.

Etre nomades, cela suppose aussi que vous vous déplaciez dans différentes régions du pays, en dehors d’Oran où vous êtes installés ?

Effectivement. Notre travail ne s’arrête pas à Oran. Nous avons fait plein de choses ailleurs. Ainsi, au début de cette année, nous avons organisé un voyage du côté d’Ain Sefra (Nâama), pour faire découvrir cette région. L’année passée, à l’initiative d’un membre de notre association, nous avons lancé une opération pour l’achat de cartables neufs au profit d’écoliers du village Ighzer de Timimoun, grâce à la vente de photos réalisées par notre club de photographes. Nous avons organisé une exposition-vente et avec l’argent que nous avons récolté nous avons pu acheter 100 cartables pour l’école du village, que nous avons acheminés avec un partenaire de notre association. Nous y avons également organisé une caravane du patrimoine.

En parlant de Timimoun, justement, c’est une ville historique qui est envahie par le béton. En tant qu’association de sauvegarde du patrimoine, êtes-vous intervenus pour tirer la sonnette d’alarme sur ce phénomène ?

Malheureusement, c’est le cas de beaucoup d’autres villes.  Pourtant à Timimoun, il existe plusieurs associations qui travaillent dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine et c’est à elles justement qu’il incombe de défendre ce patrimoine. Pour notre cas, nous n’avons pas les moyens et la possibilité d’intervenir à Timimoun. En revanche, nous pouvons réaliser des projets communs en partenariat avec les associations locales. D’ailleurs, c’est grâce au projet de la caravane que nous les avons rencontrées. Nous sommes sortis avec des idées dont il faudrait réunir les moyens pour les réaliser. Mais de là, où nous sommes basés, il est difficile pour nous seuls d’y faire quoi que ce soit. Cela étant, nous sommes très actifs dans la sensibilisation et la vulgarisation à travers les voyages que nous réalisons. Notre souci est de sensibiliser sur les richesses que nous possédons et tirer la sonnette d’alarme concernant la dégradation du patrimoine.